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La célébration de ce jour de victoire a considérablement évolué jusqu’en 1981, date à partir de laquelle un consensus s’est fait pour consacrer le 8 mai jour férié et jour de fête nationale
La capitulation allemande
 

SIGNATURE DE L’ACTE DE CAPITULATION DES ARMÉES ALLEMANDES, À REIMS, LE 7 MAI 1945. LES SIGNATAIRES EN SONT : LE GÉNÉRAL BEDELL SMITH POUR LE COMMANDEMENT SUPRÊME ALLIÉ, LE GÉNÉRAL SOUSLOPAROV POUR L’UNION SOVIÉTIQUE, LE GÉNÉRAL SEVEZ POUR LA FRANCE ET LE GÉNÉRAL JODL POUR L’ALLEMAGNE – CAP-VIOLLET
 
 

LA SIGNATURE DU GÉNÉRAL SEVEZ, CHEF D’ÉTAT MAJOR DU GÉNÉRAL DE GAULLE, SUR L’ACTE DE CAPITULATION ALLEMANDE, LE 7 MAI 1945, À REIMS. SOURCE : U.S. FEDERAL GOVERNMENT. PHOTO LIBRE DE DROIT
 
 
 

MANIFESTATION POPULAIRE POUR LA VICTOIRE, 8 MAI 1945, PARIS, PLACE DE L’OPÉRA – LAPI-VIOLLET
 
Le 8 mai, à 15 h 00, les cloches de toutes les églises sonnent officiellement la fin de la guerre tandis que le général de Gaulle en fait l’annonce radiophonique. La population laisse éclater sa joie.
 

       LES CÉRÉMONIES À L’ARC DE TRIOMPHE, LE 8 MAI 1945. SOURCE : ECPAD
 
Le 8 mai après-midi et le 9 mai sont déclarés exceptionnellement fériés. La foule envahit les rues, entonnant la « Marseillaise » et des chants patriotiques. Toutefois, la date du 8 mai ne marque pas la fin de la présence militaire allemande sur l’ensemble du territoire, les dernières poches de résistance – Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire – ne tombant que les jours suivant la capitulation du Reich. Surtout, la victoire ne peut effacer ni les atrocités commises par l’Allemagne nazie, ni ces années durant lesquelles la population s’est trouvée confrontée à des choix qui l’ont divisée.
 

            UNE MARÉE HUMAINE DANS LES RUES DE LA CAPITALE. SOURCE ECPAD
 
 

           UNE MARÉE HUMAINE DANS LES RUES DE LA CAPITALE. SOURCE : ECPAD
 

Le 8 mai, de 1945 à nos jours : ce jour de victoire devient un jour férié et une fête nationale

Dès 1945, le général de Gaulle préfère réunir les Français dans de grandes célébrations patriotiques, telle la commémoration du 16 mai, à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc, ou celle du 11 novembre. Le général de Gaulle d’une part, les communistes d’autre part, pour des raisons différentes, insistent en effet sur le caractère indissociable des deux conflits mondiaux et considèrent de ce fait qu’il conviendrait de célébrer une victoire unique. Jusqu’au milieu des années 1950, les commémorations de la Première Guerre mondiale restent les plus importantes.
Ainsi à l’origine, la question s’est posée de savoir s’il convenait d’instaurer une journée commémorative unique pour les deux conflits mondiaux ou de célébrer les deux dates avec la même solennité.
Les diverses modalités de la commémoration du 8 mai 1945 témoignent de ce débat.
1946 : la loi consacre le dimanche 8 mai, ou le dimanche suivant, pour célébrer la victoire
 

         CÉRÉMONIES DU 8 MAI 1946 À L’ARC DE TRIOMPHE – COLLECTION VIOLLET
La loi n° 46-934 du 7 mai 1946, adoptée sous la présidence du gouvernement provisoire de Félix Gouin par l’Assemblée constituante, pose le principe de la commémoration de la victoire et en fixe la date.
« Article unique : La commémoration de la victoire remportée par les armées françaises et alliées le 8 mai 1945 sera célébrée le 8 mai de chaque année si ce jour est un dimanche et, dans le cas contraire, le premier dimanche qui suivra cette date. »
Le 8 mai s’inscrit parmi d’autres journées commémoratives telles que le 18 juin (anniversaire de l’appel du général de Gaulle de Londres), la Libération de Paris ou, surtout, le 11 novembre, qui rassemblent la population autour de grandes manifestations.
Cependant, la commémoration de la victoire, repoussée le cas échéant au dimanche suivant, se trouve d’emblée captée par la fête de Jeanne d’Arc, commémorée le même jour. Aussi, dès 1947, les associations de résistants et de déportés font entendre leur souhait de voir la victoire célébrée à son jour anniversaire et organisent leur cérémonie à cette date.
 
 

   8 MAI 1947, ANCIENS COMBATTANTS RANIMANT LA FLAMME À L’ARC DE TRIOMPHE – LAPI-VIOLLET
1953 : le 8 mai devient un jour férié
Par la loi n° 53-225 du 20 mars 1953, d’origine parlementaire, le 8 mai devient un jour férié. Il peut de ce fait s’imposer comme date symbolique de la Seconde Guerre mondiale, au même titre que le 11 novembre pour la Première Guerre mondiale.
Ce consensus difficilement établi est cependant compromis par un certain nombre d’événements, comme la coïncidence avec le désastre de Diên Biên Phu en 1954, les divisions engendrées par la guerre d’Algérie dès 1955, en particulier les manifestations des Français d’Algérie demandant le retour au pouvoir du général de Gaulle le 13 mai 1958 …
 
 

                   CÉRÉMONIES DU 8 MAI 1954 À PARIS, DÉFILÉ RUE DE RIVOLI – LAPI-VIOLLET
1959 : la loi consacre le deuxième dimanche de mai pour célébrer la victoire
Afin de limiter le nombre des jours fériés en mai, le décret n° 59-533 du 11 avril 1959, renouant avec l’esprit de la loi de 1946, prévoit que la victoire de 1945 sera célébrée le deuxième dimanche du mois de mai. Cette décision suscite de nombreuses protestations parmi les anciens combattants qui continuent à commémorer la victoire le 8 mai. La plupart d’entre eux ne vont pas aux cérémonies officielles.
 

               CÉRÉMONIES DU 8 MAI 1960 À L’ARC DE TRIOMPHE – LAPI-VIOLLET
Le 8 mai 1965 : jour exceptionnellement férié pour le 20ème anniversaire de la victoire
Par dérogation, pour le 20e anniversaire, le 8 mai 1965 est exceptionnellement déclaré férié par décret du 1er avril 1965.
Jusqu’en 1981 : nouveaux débats sur la façon de célébrer la victoire du 8 mai 1945
Pour répondre au souhait des anciens combattants de voir la victoire célébrée à sa date anniversaire sans augmenter le nombre des jours fériés en mai, un décret du 17 janvier 1968 prévoit une célébration annuelle à nouveau fixée à la date du 8 mai, mais en fin de journée.
 

                 CÉRÉMONIES DU 8 MAI 1970 À L’ARC DE TRIOMPHE – LAPI-VIOLLET
En 1975, le président de la République en exercice, Valéry Giscard d’Estaing, prend la décision de ne plus conférer un caractère gouvernemental à cette cérémonie en supprimant la commémoration officielle et nationale. Il propose d’y substituer une journée de l’Europe tandis que le gouvernement envisage l’idée de faire du 11 novembre une journée nationale du souvenir. Motivée par une volonté de réconciliation franco-allemande, cette décision s’inscrit dans une perspective européenne. Elle provoque toutefois de vives réactions et entraîne des protestations, tant dans le monde politique que chez les anciens combattants qui souhaitent depuis longtemps, pour nombre d’entre eux, que le 8 mai soit commémoré à l’égal du 11 novembre.
 

LE PRÉSIDENT GISCARD D’ESTAING À LONDRES LE 8 MAI 1977 ©ARCHIVES NATIONALES
Ainsi, jusqu’en 1981, un grand nombre de communes ont continué à célébrer officiellement le 8 mai à sa date anniversaire.
A partir de 1981 : le 8 mai est déclaré jour férié, puis jour de fête nationale
Par modification du Code du travail, la loi n° 81-893 du 2 octobre 1981 ajoute le 8 mai à la liste des jours fériés.
En 1982, après de nombreux débats, la commémoration est reconnue comme une fête nationale. Cette « journée de la liberté », fériée et chômée, doit être abondamment présentée dans les écoles et les universités et les commémorations qui la ponctuent faire l’objet d’une large couverture médiatique.
 

AFFICHE RÉALISÉE EN 1985 PAR RAYMOND MORETTI POUR LE SECRÉTARIAT D’ÉTAT CHARGÉ DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE CÉRÉMONIE LE 8 MAI 2005 À L’ARC DE TRIOMPHE – DRAPEAUX INTERNATIONAUX PORTÉS PAR DES JEUNES
 
Le 8 mai reste ainsi une date symbolique, célébrée par presque toutes les communes. Commémoration nationale, il s’est progressivement imposé comme un second 11 novembre, auquel il emprunte une grande part de son rituel. Lors de cette journée, l’ensemble des événements de la Seconde Guerre mondiale est commémoré : aussi bien la victoire des Alliés que la fin de l’oppression nazie sur l’Europe …
 

                ARC DE TRIOMPHE. PHOTO DE JACQUES ROBERT
Aujourd’hui, l’unité semble se faire autour du message à transmettre : la lutte pour la liberté et la démocratie.
 

Source : Collection « Mémoire et citoyenneté », N° 15. Publication Ministère de la défense/SGA/DMPA
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