Sélectionner une page

Discours de Geneviève Darrieussecq, Inauguration du monument allemand de Sedan après rénovation.
Mise à jour  : 20/11/2018
Monsieur le Préfet,
Monsieur le maire de Sedan,
Madame et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du Conseil régional,
Monsieur le président du Conseil départemental,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le représentant de l’Ambassade d’Allemagne,
Représentants du monde combattant et chers porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
 
Il y a quelques jours, à Vrigne-Meuse, j’ai rendu l’hommage du Gouvernement et du ministère des Armées aux derniers poilus morts au combat sur le sol de France. J’y ai ressenti, avec émotion, l’attachement de la population ardennaise à son histoire. Cette identité est celle d’un territoire qui sait d’où il vient et qui sait les épreuves qu’il a traversées.
Tant de fois, les Ardennes ont été sur la route des invasions. Tant de fois, elles ont été le théâtre d’affrontements nation contre nation et peuple contre peuple. Les Ardennes, si souvent lieu des déchirements européens, sont aujourd’hui une terre d’histoire, un territoire de patrimoine et de mémoire. Et je le vois aujourd’hui, une terre de réconciliation.
De la guerre franco-prussienne de 1870 à la percée de 1940 en passant par les souffrances de 1914-1918, Sedan est la cité symbole des plus de 70 années de conflits fratricides entre la France et l’Allemagne. C’est ce que nous raconte en écho le monument allemand restauré que nous venons d’inaugurer. Mais, désormais, il nous raconte également l’amitié durable de nos deux nations, devenues actrices de la paix européenne.
*
Monsieur le maire, le monument allemand évoque un passé pénible pour votre cité. Celui des morts de la Grande Guerre et de la dureté de l’occupation allemande de 1914 à 1918. Les Sedanais ont subi les soumissions, les humiliations et les réquisitions. Pourtant, par la résilience et par les actes de résistance, ils ont démontré leur profond attachement à la France.
Nous ne pouvons oublier le sort des milliers de prisonniers français et belges enfermés à quelques pas d’ici, dans la citadelle transformée en bagne. C’était un véritable camp d’internement qui, vingt ans avant, en annonçait d’autres sur notre continent.
Alors oui, à Sedan, l’histoire franco-allemande est singulière et particulièrement douloureuse. 
Alors oui, ce monument a été vécu comme un symbole d’humiliation.
Mais, il y a une semaine, la Grande Guerre a eu cent ans. Depuis plus de 70 ans, la France et l’Allemagne sont en paix et ont forgé les liens d’une amitié indéfectible.
Désormais, ce monument, qui fait partie intégrante de l’histoire de Sedan, doit être vu comme le souvenir d’un passé révolu. Il est un précieux morceau d’histoire et un témoignage sur l’expérience singulière de l’occupation durant la Grande Guerre. Ce monument, unique en ce genre, fait figure désormais de lieu de mémoire partagée et fraternelle.
Monsieur le maire, c’est tout le sens de la restauration que nous venons d’inaugurer.
*
Le monument a subi les épreuves du temps et du délaissement. Je sais les vifs débats qu’il a suscités quant à son avenir. Il était dans un état bien triste lorsque mon prédécesseur est venu ici, en janvier 2016. Je salue M. TODESCHINI qui a souhaité et soutenu cette entreprise de rénovation.
Je me réjouis de la mobilisation générale qui s’est accomplie.
L’Etat, par le ministère de la Culture et bien évidemment par le ministère des Armées, a répondu présent et a largement participé à cette restauration. L’Etat allemand a également apporté son soutien financier. Ainsi, des deux côtés de la frontière, la participation a été au rendez-vous.
La générosité des associations et des mécènes connus ou anonymes a permis de mener à bien ce projet franco-allemand. Merci à eux.
Mesdames et messieurs les élus, je tiens à saluer toutes les collectivités (la municipalité, le Conseil départemental des Ardennes, le Conseil régional du Grand Est), qui ont été parties prenantes. Cette mobilisation a payé, le résultat est là.
*
L’inauguration d’aujourd’hui est un exemple de la relation que le ministère des Armées entretient avec les collectivités. C’est une relation à laquelle je tiens particulièrement. Ensemble, nous partageons un triple objectif :
– Celui de transmettre la mémoire combattante et de favoriser l’histoire des conflits mondiaux,
– Celui de valoriser les territoires d’histoire et le patrimoine national,
– Enfin, celui de développer et de pérenniser le secteur du tourisme de mémoire. Il a connu une croissance importante grâce au centenaire de la Grande Guerre. Le département des Ardennes et Sedan sont évidemment concernés au premier chef.
*
Mesdames et messieurs, les sacrifices consentis par les nations européennes durant la Grande Guerre ont été immenses. Ils nous obligent. Ils ne doivent jamais rester vains. Pour cela, nous devons continuer à nous souvenir, à bâtir des ponts entre les nations et à construire la paix. C’est le message qui a été transmis lors du centenaire de la Grande Guerre.
Français et Allemands, soyons fiers de notre amitié et de la paix. Si l’Europe connaît une paix comme aucune autre génération n’en a connue, nous le devons en premier lieu à la volonté commune de nos pays. Le Président de la République l’a réaffirmé, hier, à Berlin.
Français et Allemands, nous restons attachés à nos lieux de mémoires partagées. Des champs de bataille comme celui de Verdun, des lieux marquants nos divisions comme la clairière de Rethondes, sont devenus des symboles de la réconciliation entre nos nations.
Mesdames et messieurs, au sein du cimetière Saint-Charles où reposent des soldats morts pour la France, ce monument en est une nouvelle incarnation. Il illustre magistralement les derniers mots inscrits sur la plaque commémorant l’ancien camp de la citadelle : « effaçons la haine mais conservons le souvenir ». Permettez-moi, monsieur le maire, d’ajouter à cette phrase une troisième dimension : « louons l’amitié des peuples hier ennemis ».
Aujourd’hui, nous avons inauguré un exemple de patrimoine commun à nos deux pays. Nous célébrons un monument qui exprime la mémoire et l’histoire partagées de nos deux nations. Ainsi, le monument de Sedan est bel et bien un emblème de l’amitié franco-allemande.
   
Vive la République !
Vive la France !
Vive l’amitié franco-allemande !
 

Aller au contenu principal