JUAN PUJOL GARCIA décoré par les alliés mais…… aussi par les nazis
Le plus grand agent double de la 2 ème guerre mondiale.
La guerre civile espagnole et son dictateur Franco font que ce jeune catalan ingénieux va détester les régimes totalitaires, fascistes et communistes ayant participé sans conviction à cette guerre.
Il se propose aux services secrets britanniques qui le refusent. Vexé il contacte les renseignements allemands qui l’acceptent dans leur service car il prétend être un correspondant de guerre anglais, ce qui lui permet d’avoir accès à des informations sensibles leur dit-il. A Madrid l’agent allemand avec qui il avait rendez-vous est enthousiaste et conclue le marché.
Il devient « Arabel », 300 dollars lui sont fournis pour ses frais de voyage. Il va apprendre les techniques du chiffrage allemand. Une fois prêt il part à Lisbonne pour s’embarquer pour l’Angleterre. Mais hélas il n’est pas autorisé à quitter le Portugal.
Coincé à Lisbonne il transmet de fausses informations aux allemands en s’aidant d’un guide touristique, d’une carte de la Grande Bretagne et d’infos trouvées dans la bibliothèque locale. Il décrit les mouvements de la flotte, crée un faux réseau de contacts. Les allemands sont satisfaits.
En 1942 il contacte à nouveau le MI 5, dont le responsable est Cyril Bertram Mills alias « Mr Grey », qui voit là une belle opportunité et l’engage. Son nom de code sera « Garbo » et le lieutenant Tomas Harris son tuteur. Son rôle sera déterminant dans l’opération « Fortitude » où sa mission sera de fournir de faux renseignements aux allemands, à l’Abwehr de l’amiral Canaris.
Cette mission aurait pu échouer car la femme de Garbo, Araceli Gonzales, ayant des difficultés à s’adapter à la vie londonienne, ne parlant pas l’anglais, rebelle à la nourriture du pays, double vie, voulait le 21 juin 1943, tout révéler si Juan ne la laisse pas repartir en Espagne. Bien que ce soit elle qui au début informait les allemands que son mari espionnait les anglais, pour leur compte, alors qu’il était au Portugal leur diffusant de fausses infos. Elle imagina en accord avec son mari un réseau fictif de 28 espions avec noms, professions qu’elle donnera aux nazis.
Avertissant le MI5 de ce problème majeur, il se fera « arrêter » pour espionnage par ce même service. En détention sa femme sera autorisée à le voir. Si elle veut l’innocenter et le faire libérer il lui faut signer des documents à décharge indiquant qu’elle ne révélera aucune information. Grâce à ce stratagème la situation est sauvée.
Il continue d’envoyer de fausses informations aux allemands : signale que le débarquement en Normandie n’est qu’une ruse, qu’il a découvert des taupes dans son réseau. Pour plus de crédibilité il communique de vrais renseignements non essentiels bien sûr. Entre Janvier et Juin 1944 il enverra quatre rapports aux allemands.
Trois jours après le début du bombardement en Normandie, Pujol soutient aux allemands inquiets que ce n’est qu’une ruse pour faire diversion et que le vrai débarquement aura bien lieu à Calais, 150 kilomètres plus au Nord, comme le pensait Hitler.
Ceci aura pour effet d’alerter la Werhmacht qui va transférer des troupes, 7 divisions, de la Normandie vers le Pas de Calais, délestant ainsi la défense allemande sur les côtes normandes. En même temps la confusion va s’installer dans leur état-major.
Les nazis continuant de croire Juan Pujol Garcia, ne le démasqueront jamais, allant même à le rétribuer largement et à lui décerner la croix de fer en 1944.
Quant aux britanniques ils lui offriront la Victoria Cross, l’ordre de l’empire britannique pour services rendus à la Couronne.
Juan Pujol se fait ensuite discret, même très discret. Il s’installe en tant que libraire à Lagunillas au Venezuela, sa boutique : « la casa del regala ». Son épouse l’y rejoint avec ses 3 enfants. Mais tout cela l’a perturbée, ils ne s’entendent plus et le couple se sépare. Elle repart en Espagne avec sa petite famille.
Un an après, en 1949, l’ambassade l’informe qu’il est décédé de la malaria en Angola. Sa famille ignorant tout de ses activités portera le deuil. Ce n’est que de « l’intox » destinée à couper toute trace de Juan Pujol Garcia.
Trente ans plus tard, Nigel WEST écrivain passionné d’espionnage s’intéresse à ce personnage, qu’il débusque bien vivant sur la côte Venezuelienne.
En 1984 lors du 40 éme anniversaire du débarquement il réapparaît provoquant émoi et stupéfaction dans sa famille : non seulement il n’est pas mort mais il est considéré comme un héros !
Il décédera réellement le 10 octobre 1988 à Caracas. Il repose à Churonti dans l’état d’Aragut.
Commentaires récents