Le billet vert pas celui qui rapporte ! Mais celui qui déporte
La rafle quelque peu oubliée.
C’était il y 80 ans et quelques jours à PARIS, des billets verts, 6494 environ sont envoyés dans autant de familles et ce n’est pas une invitation au spectacle.
Ces familles sont juives, polonaises, tchèque ou apatrides. Le billet vert indique que le chef de famille ou tout homme âgé de 18 ans à 60 ans, doit, accompagné d’un parent ou ami, se présenter le 14 Mai 1941 à 7 heures au lieu de rassemblement1 indiqué sur ce billet.
Comment ont été désignées ces personnes : par le biais du recensement de Septembre 1940 effectué, sur ordre de l’occupant, par l’Administration Française !
Et pour quelle raison ? Parce qu’un décret du 4 octobre précédent, signé par PETAIN, permettait au préfet de rassembler les juifs étrangers et de les interner dans des divers camps. Ces juifs prenaient la place et le pain de nos compatriotes d’après certains !!
Donc ce 14 Mai 1941 chaque convoqué, muni de sa pièce d’identité et accompagné par un membre de la famille ou un ami se rend au centre indiqué pour pense t-il régulariser ou compléter leur situation administrative.
Mais certains, environ 2000, se méfient et se soustraient à cette demande et partent se cacher.
Arrivé sur place l’homme convoqué est retenu et on demande à l’accompagnant de repartir chercher une valise avec quelques vêtements et des vivres pour 24 heures.
Une fois toute cette organisation terminée les « raflés » sont emmenés par des autobus de la STCRP (devenue RATP) à la gare d’Austerlitz pour une destination à 90 ou 100 km au sud de Paris. L’ensemble des actions ci-dessus est réalisée par la seule police française, sous la surveillance de Théodor DANNECKER2 et du préfet de police François BARD3.
Objectif : les camps d’internement de PITHIVIERS sur 1 ha et BEAUNE la ROLANDE sur 3 ha : 1700 détenus dans le 1er et 2000 dans le deuxième, détenus ne sachant ce qu’ils vont devenir et pour combien de temps en ces lieux (en réalité plus d’1 an). Ils sont sous la surveillance de gardiens et de leurs auxiliaires, sont parfois traités inhumainement, souffrent des conditions d’hygiène et du manque de nourriture.
Cependant ils ont droit à une activité culturelle et à une visite hebdomadaire d’un membre de la famille.
Ils font des travaux à l’intérieur des camps, certains à l’extérieur dans les fermes environnantes ce qui permettra des évasions : 700 à peu près.
Les camps vont être évacués : le 8 Mai, pour 289 détenus vers Compiègne- Royalieu dirigés ensuite le 5 Juin vers AUSCHWITZ convoi n°2.
Trois autres convois partent directement vers AUSCHWITZ le 25 Juin, convoi n°4, le 17 Juillet convoi n°6 de PITHIVIERS et le 28 Juin le n° 5, de BEAUNE la ROLANDE.
Mais il fallait 1 000 détenus par convoi ce qui occasionne 111 arrestations dans l’Orléanais (dont 34 femmes, la plus jeune a 15 ans) pour le convoi n° 5. De même pour le convoi n° 6, 193 juifs arrivant de Dijon (arrêtés par les SS) et 52 d’Orléans dont un de moins de 12 ans.
L’évacuation de ces camps coïncide pour le départ du convoi n° 6 au début de la rafle du « VEL d’HIV ». Il fallait prévoir de la place pour les nouveaux « arrêtés ».
Il y aura 115 survivants à cette tragédie.
. Notes : 1°) gymnase de JAPY (11 éme), caserne des minimes (3 éme) et caserne NAPOLEON ,33 rue de la grange aux belles (4 éme).
2°) représentant d’Adolf EICHMAN à Paris, conseiller aux affaires juives (« Judenberater »). Mort par suicide le 1er Décembre 1945.
3°) ex-préfet de Haute Vienne, Amiral, nommé à Paris depuis la mi-mai 1941.
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Sources : divers sites internet dont France 4, ville de Paris, mémorial de la SHAOH (dont photos) et autres.
NDLR : ce fait est de nouveau mis en avant par la découverte de 98 photos inédites chez un brocanteur de Reims et remises au mémorial de la Shoah d’après Madame LALIEU-SMADJA, responsable de la photothèque.
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