Héros de la résistance et victimes de la guerre psychologique
Seuls quelques chercheurs, spécialistes de la seconde guerre mondiale, connaissent le réseau « Mithridate-Bressac-Raspail ».
Seuls quelques habitants de Saint-Martin-au-Laërt savent, qui étaient les résistants Michel et Charles STOVEN. Pourtant une rue porte leurs noms.
Le rappel de ces deux données apparemment distinctes est nécessaire pour comprendre pourquoi, par délibération du 25 juin 1981, le conseil municipal de la commune ci-dessus a décidé de dénommer l’une de ses voies, « Rue Michel et Charles Stoven ».
Il en est de même pour Renescure où une place porte leurs noms, mais aussi pour de nombreuses communes de l’Audomarois.
Michel Charles
Place à Renescure
Sergent à la grande guerre
Ce sont deux résistants français du réseau cité ci-dessus de la seconde guerre mondiale; père et fils, arrêtés chez eux à Renescure le 19 mai 1944, par l’armée allemande, lors de l’opération Ayesha, épisode tragique dans le cadre de la désinformation sur un pseudo-débarquement allié dans le Nord-Pas de Calais. Ils seront tous deux déportés en Allemagne et exécutés à Brandebourg le 25 septembre 1944.
Ils seront respectivement cités à l’ordre de l’armée et du corps d’armée en tant qu’agent du renseignement. La médaille de la résistance leur est décernée à titre posthume en 1958.
Pendant la grande guerre, Michel fut décoré de la croix de guerre pour son action durant la prise de Tahure le 6 octobre 1915. Il combattait au sein de la compagnie 2/1 du Génie de la 3ème division d’infanterie, sous les ordres du lieutenant-colonel Frédéric DONET avec qui il conservera des liens dévoués jusqu’à l’ultime opération Ayesha.
En 1944, les Britanniques qui soutienne le réseau Mithridate, parachutent un nouveau poste radio nommé « Ayesha » qui doit permettre de communiquer en phone avec Londres (plutôt qu’en morse) sans être détecté. Sa portée maximale à 250 kilomètres impose un essai dans le Nord-Pas de Calais. C’est à Frédéric DONET qu’est confiée cette mission en tant que chef-adjoint du réseau Mithridate. C’est à Michel Stoven, sergent, camarade de feu et ami depuis la grande guerre qu’il demande d’abriter le poste dans un grenier de sa ferme à Renescure pour tester l’appareil. Il accepte et son fils Charles âgé de 19 ans, fut chargé comme radio en raison de sa voix claire d’autant plus qu’il était déjà agent de renseignements depuis 1942.
C’est un succès lors du premier essai le 20 avril 1944 qui marque un réel progrès pour l’époque. Les jours suivants et malgré des soupçons manifestes que l’appareil n’est pas indétectable, le fils Charles Stoven, poursuit les essais radio.
En mai, un plan de la « London Controling Section » vise à déployer un débarquement entre la frontière belge et le Cotentin.
Dans ce cadre, une communication plus importante est prévue le 19, toujours depuis Renescure chez les SLOVEN, par Frédéric DONET et « RODDY » du réseau Mithridate, en compagnie d’Antoine MASUREL (chef du réseau Phratrie). Mais, ce même jour, après la diffusion, la maison est encerclée par les militaires allemands, et tous sont arrêtés.
Durement interrogés par la gestapo militaire en plusieurs lieux avant d’être regroupés à la prison de Fresnes puis transférés à la prison de Saint-Gilles à Bruxelles où ils sont condamnés à mort.
Embarqués dans le « train fantôme » à destination de l’Allemagne, Michel et Charles STOVEN seront déportés et exécutés le 25 septembre 1944 (voir ci-dessus).
Les autres seront libérés par les Belges (résistants ?).
L’opération Ayesha et le sacrifice de ces résistants aura certainement contribué au maintien d’une certaine force allemande dans la partie Nord de la France et de la Belgique, et ce même après le débarquement effectif sur les côtes normande.
Ce serai par la trahison d’un opérateur radio membre du réseau Mithridate que les Allemands connaissaient le « code QIZ » dédié aux transmissions et était ainsi informé du rendez-vous du 19 mars ?
Les autres enfants de Michel STOVEN et frères et sœurs de Charles n’ont pas été arrêtés ainsi que leur mère et épouse de Michel car ils n’étaient pas le 19 à Renescure mais à Saint-Martin-au-Laërt.
Ils seront pupilles de la Nation-orphelins de guerre.
Un hommage est rendu chaque 8 mai, à leur père et frère dans les deux communes.
Extrait tiré du livre que je viens de relire, édité en avril 1990 (La vie dans l’Audomarois sous l’occupation 1940-1944) de Raymond Dufay, mon instituteur à l’école primaire du faubourg de Lysel de Saint-Omer entre 1947 et 1949.
Serge Clay
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