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                                                                  Opération BAGRATION

 

22 juin 1944 : début de cette opération.

Trois ans après l’opération « Barbarossa », STALINE va se venger en détruisant la Wehrmacht en Biélorussie, qu’il veut reconquérir. Ce sera l’offensive « Bagration1 » jusqu’au 29 Août. En 2 mois la Wehrmacht va céder sur les derniers points qu’elle occupe sur le front de l’Est.

                                                                               

C’est la plus importante victoire de l’URSS après Stalingrad et Koursk, souvent ignorée, le débarquement en Normandie étant le plus médiatisé et nous concernant au 1er chef. Ce succès dépasse de loin dans ses proportions et résultats « Overlord » du 6 juin 1944

Origine :

   TEHERAN : novembre 1943 : Staline, Roosevelt et Churchill réunis décrètent qu’il faut enserrer l’Allemagne dans un étau pour la faire plier.

Les 2 derniers sont pour un débarquement en Europe de l’Ouest mais pour cela il faudrait que le 1 er, Staline ouvre un front à l’Est pour affaiblir le dispositif ennemi, obligé d’y envoyer quelques troupes. Staline ayant demandé depuis Juin 1941 l’ouverture d’un tel front.

A ce stade apparaissent les intérêts des uns et de l’autre, Staline pense que les alliés signeront un accord séparé avec l’Allemagne, tandis que les alliés eux, veulent entrer dans Berlin le plus rapidement possible pour éviter que l’URSS ne continue sa percée vers l’Ouest. C’est déjà une ambiance que l’on peut qualifier de froide.

Quant à Hitler il pense que Staline va combattre les fronts périphériques (Finlande, Roumanie), ce qu’il fait d’ailleurs en attaquant la Finlande (front de Coralie) malgré la demande d’un armistice de cette dernière en Février 1944 qui lui sera refusée par l’URSS. Cette intervention a pour visée de reprendre la Biélorussie, porte d’entrée vers la Pologne et l’Allemagne.

L’URSS va augmenter de 70 % en moyenne sa production d’armement, de matériel et d’avions et ses troupes de 60 %. De nouveaux blindés sont aussi construits ainsi que de nouveaux avions dont le fameux YAK 9.

La Luftwaffe ne dispose que de 500 avions en 1943, et a perdu 22 divisions, 8 autres sont amputées de 25% et encore 60 de 50 % autrement dit la Wehrmacht est très affaiblie.

A partir du 15 Avril les réunions s’enchainent notamment du 20 au 23 Avril où Staline, Joukov et Vassilevski peaufinent leurs ambitions. Le 28 avril sont décidées les futures offensives qui seront ensuite adaptées suivant les circonstances. Le 30 mai, les directives finales sont signées par Staline.

L’URSS organisent des opérations de diversion (Maskirovka), comme faire circuler de nombreux convois que repèrent la Luftwaffe, convois qui font demi-tour la nuit et qui repartent le lendemain et ainsi de suite, laissant supposer à L’Allemagne que l’URSS concentre son armée en Ukraine.

Les allemands résistent en Biélorussie sous la houlette du Maréchal Ernst BUSCH, remplaçant von KLUGE blessé dans un accident de voiture, qui avait défait les russes à Barbarossa.

Donc le 22 juin 1944 l’opération est décidée, Staline et la Stavka (état-major de l’armée rouge) ont mis au point un plan revanchard sur Hitler et le 23 au matin les hostilités commencent.

C’est le Maréchal Joukov qui pilote l’opération avec un avantage indéniable sur les allemands : plus de 2 millions d’hommes contre 500 ou 600 000 côté allemand, 4000 blindés -à 500, 6000 avions contre 800 et 25000 camions (certains donnés par les USA) contre 8000.

 BUSCH réalise vite que c’est peine perdue, une défaite est plus que probable, mais craignant Hitler qui refuse tout recul, comme vers la Berezina à 150 km, de la Wehrmacht il continue à se battre.

La tenaille se referme vite, les allemands sont encerclés à BOBROUISK et MINSK le 3 Juillet puis à Kovel le 5. L’armée rouge éliminent ou capturent près de 200 000 hommes, l’équivalent de 25 divisions en 15 jours.

                prisonniers allemands

Elle prend KOVEL, le Bas Dniepr en Août 43, Leningrad en mars 44 où la Wehrmacht se repliera de 250 km. De même qu’une partie de la Moldavie et l’Ukraine, puis aussi Sébastopol en Crimée.

Le 29 Juin, 530 avions pilonnent les forces allemandes à BOBROUISK détruisant chars, matériels et……hommes.

L’armée rouge a avancé de 250 km en une semaine.

En 2 mois sur un front de 1 000 km de large elle aura progressé de 600 km, en libérant la Biélorussie, une partie de la Lituanie, l’Estonie et la Pologne avec pour pertes, du 22 juin au 22 juillet, de 380 000 hommes.

Puis en cette fin de Juillet 100 000 soldats de plus seront mis hors de combat.

 Devant ce désastre Hitler remplace BUSCH par le Feldmarschall Walter MODEL2 (dit le pompier d’Hitler) qui momentanément va ralentir la progression de l’URSS. Mais pour cela il va délester le front sud de plusieurs divisions de panzers et la STAVKA en profite pour lancer le 13 juillet les opérations LVOV-SANDOMIR sous les ordres du Maréchal KONIEV pour franchir la Vistule et KOVEL3LUBLIN à 4 jours d’intervalle.

            soldats russes à LVOV

Au matin du 24 Juillet 1944 l’armée rouge entre en Pologne, dans la ville de LUBLIN (pro-russe), puis à SANDOMIR le 1er août.

Mi-Août l’armée rouge a libéré la Biélorussie4, anéantissant le groupe d’armées Centre de la Wehrmacht. Mais elle ne peut prendre Varsovie, bien défendue, peut être épuisée par les quelques 600 kilomètres qu’elle vient de parcourir.

   soldats de l’armée rouge en Biélorussie

soldats de la Waffen SS 13 ème Rgt en Biélorussie

                                                     

A moins que Staline, malin, ne laisse les allemands ayant repris la ville (leur dernière victoire car ils seront vaincus peu après) écraser la résistance polonaise.

 La Wehrmacht se trouve ainsi de fait prise en étau, même s’il est large, entre Overlord et Bagration.

Ce sera un instant crucial et décisif pour l’issue de la 2 ème guerre mondiale.

Ce sera aussi un 1er aspect de la guerre froide qui suivra, les uns voulant refaire l’Europe et les autres s’étendre.

Au final : les Russes disposaient de 1 260 000 hommes, d’environ 4 000 chars, 30 000 pièces d’artillerie et près de 4 000 avions soit un rapport de force favorable, 1 pour 8 en artillerie et 1 pour 9 en chars mais défavorable pour les hommes 1 pour 1,5. La Wehrmacht perdra dans les pays Baltes son groupe d’armée Nord, puis celui du Sud en Roumanie.

Politiquement cela entraîne pour la Roumanie, la Bulgarie et la Finlande un changement de camp avant leur soviétisation pour les 2 premiers.

Notes :

        1°) BAGRATION : Pierre de BAGRATION (1765-1812) ou Piotr Ivanovitch BAGRATION héros de la campagne de Russie, blessé à Borodino (bataille de la Moskowa). Napoléon en avait souligné, quoique son ennemi, sa grande valeur.

         2°) MODEL : inconditionnel du Führer et du National socialiste, militaire atypique et hors normes mais fin tacticien. Responsable ou complice de plus de 500 000 morts, de 17 500 déportés en Lituanie.

         3°) KOVEL : 10 000 juifs y furent exécutés par les nazis. Désigné parfois par « la Shoah par balles ».

              sans commentaire

          4°) BIELORUSSIE : les nazis y détruisirent environ 630 villages pendant leurs 3 années d’occupation, comme ils le firent à Oradour/Glane.

 

Sources : revues spécialisées d’histoire, pages internet dont « hérodote.net ».

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