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La photo ci-contre, a été prise à mon domicile à Saint Laurent du Maroni (Guyane) en 1982. Avec la radio, c‘est Max qui enregistre, je suis entre deux anciens du grand collège, à ma droite Lucien (89 ans), l’autre Henri (80 ans), qui nous content leurs histoires et celle de ce docteur que je découvre.

Henri l’a connu à St-Laurent d’où il s’est évadé en 1933 pour arriver à Caracas et retrouver le docteur. Il y est resté 4 ans, construction de derricks pour le pétrole.

Ci-dessous, c’est la vie de celui dont je fais ce dossier :  héros, ——– et médecin des pauvres :

Né le 27 novembre 1889 à Annecy, étudiant à la faculté de Lyon, est mobilisé comme médecin durant la première guerre mondiale, où il a un comportement héroïque. Blessé à 14 reprises dont la dernière blessure à la tête est très sérieuse puisqu’il reste aveugle pendant 5 mois. Il termine le conflit avec le grade de médecin-major et plusieurs décorations dont la Croix de guerre et la Légion d’Honneur. Ci-dessous, quelques images qu’on peut lui attribuer.

Blessé soigné dans la tranchée son transport     

jusque l’ambulance                    

pour l’hôpital de campagne

Après la guerre, il reprend un cabinet de médecine à Marseille mais vite il mène une vie dissolue dans les boîtes de nuit, dilapidant son argent avec les femmes et le jeu à tel point que sa jeune épouse finit par obtenir le divorce à son profit.

Son mode de vie peu académique pour un médecin lui attire une mauvaise réputation et il perd progressivement sa clientèle et ses amis, à l’exception de Jacques R—–, compagnon de tranchées, qu’il soigne discrètement par piqûres intraveineuses tous les samedis matin.

Le samedi 14 Mars 1925, son patient disparait après avoir reçu son injection hebdomadaire. Il a avec lui une sacoche qui contient 8 507 francs, la paie des ouvriers de l’entreprise dont il est le comptable.

Sa femme signale le jour même son absence à la police qui ouvre immédiatement l’enquête.

Ce n’est que 3 mois après qu’on retrouve son cadavre, en état de décomposition, dans un placard du domicile du médecin (qui était en prison pour une affaire de chèques) mais pas la sacoche.

Après une longue instruction, le 29 Mars 1927, la cours d’assises d’Aix en Provence, le condamne aux travaux forcés à perpétuité (il sauve probablement sa tête par ses états de services militaires et sa Légion d’Honneur).

Comme tous les condamnés pour le bagne de Guyane, il est d’abord emprisonné à Saint Martin de Ré et y restera Jusqu’à l’arrivée du bateau « la Martinière » où après 12 jours de navigation il accoste à >>>

L’entrée de la prison              

le bâtiment des détenus       

départ pour le bateau         

embarquement >> Guyane

<<<Saint-Laurent du Maroni en janvier-février 1928. Comme tous ses compagnons de voyages, c’est au camp de la transportation, qu’il est placé dans une des cases de 3ème catégorie sous le matricule 49443.

Il n’y restera pas longtemps, il échappe aux travaux forcés car il manque beaucoup de médecins au bagne et il est employé au laboratoire de l’hôpital mais il songe quand même, comme la plupart des bagnards à s’évader. 

L’entré du camp            

le doirtoir pour 20 à 30 détenus                        

une cellule

 Six mois après son arrivée, le 30 août 1928, il fait la belle avec 7 autres forçats et parvient au bout de 23 jours au Venezuela.

Il est accueilli pour exercer son métier de médecin dans la localité de Juan Griego au nord-est de l’île Margarita. Le Maire ne jure que par lui, ses bienfaits son reconnus et il ouvre une petite clinique privée où il soigne bien souvent les gens gratuitement.

Gomez, le dictateur de ce pays l’autorise officiellement à exercer sa profession de médecin et refuse son extradition en raison des services qu’il rend à la communauté.

Il est gracié par le président Vinent Auriol en 1948 mais ne revient pas en France car la réhabilitation lui est refusée et il refait sa vie dans son pays d’adoption où il épouse la voisine de sa villa, une italo-vénézuélienne Magdaléna Strochia avec qui il a 2 filles.

Il meurt en janvier 1962 d’une crise cardiaque et est inhumé dans sa ville d’adoption.

En 1970, une association Vénézuélienne se crée afin d’ériger un monument sur sa tombe qui est toujours fleurie par les habitants de la ville où une place et une école y portent son nom.

Avec un enfant                                     

son monument 

 

on en parle ?

Textes, photos, internet, une idée du livre que j’ai dans ma main gauche, la Guillotine sèche de Jean-Claude Michelot, ma collection personnelle et ma mémoire.                                                                    Serge Clay                                                        

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