Qui est le Maréchal JUIN, dont le monument commémoratif a été dégradé ?
Samedi, des casseurs s’en sont pris, notamment, à la statue rendant hommage à celui qui est qualifié de « héros » français de la Seconde Guerre mondiale.
Le Général Alphonse Juin dans son bureau au Maroc (photo non datée, prise entre 1947 et 1951) AFP
Le Maréchal Juin et tous ses soldats ont combattu le nazisme et se sont battus pour notre liberté.
Il faut dire qu’Alphonse Juin n’est pas n’importe quel maréchal de l’histoire militaire française. L’homme, à qui plusieurs biographies ont été consacrées (dont l’une de l’historien Jean-Christophe Notin, en 2015), est né en Algérie en 1888. Après y avoir effectué sa scolarité, il intègre en France métropolitaine l’école militaire de Saint-Cyr. En 1912, il sort major de sa promotion, la même qu’un certain Charles de Gaulle.
« Héros » de la bataille d’Italie
Officier durant la Première Guerre mondiale, exerçant notamment lors de la bataille du Chemin des Dames, Alphonse Juin gravit peu à peu tous les échelons de la hiérarchie militaire française. Lorsque le conflit de 39-45 éclate, il est propulsé commandant dans le nord du pays. Les Allemands l’arrêtent et l’emprisonnent le 30 mai 1940, près de Lille. Pétain obtient sa libération un an plus tard, et l’envoie en Afrique du Nord.
C’est là qu’en novembre 1942, il rejoint les Alliés lorsque ceux-ci débarquent et il s’oppose alors aux Allemands. C’est à ce moment-là que le maréchal Juin va bâtir sa légende.
Il est nommé par de Gaulle à la tête du corps expéditionnaire français à partir de l’été 1943, Alphonse Juin va mener la « bataille d’Italie » pour permettre aux Alliés de reprendre le territoire de la France métropolitaine. Les succès s’enchaînent : bataille de la rivière Rapido, du Belvédère, du Garigliano, etc.
« Il commande avec éclat toutes les opérations françaises effectuées durant la campagne d’Italie et, à ce titre, Juin demeure dans l’histoire comme l’incontestable artisan du retour en grâce de l’armée française auprès des Alliés », lit-on sur un site consacré à la bataille du Belvédère. Alphonse Juin arrive dans Paris libéré fin août 1944, en même temps que le général de Gaulle.
Des funérailles nationales
Pour ces mérites, il sera élevé à la dignité de Maréchal de France le 7 mai 1952. « Seul Général de la Seconde Guerre mondiale élevé Maréchal de France de son vivant pour son combat contre le nazisme, Alphonse Juin était un héros. Un symbole de notre libération.
Alphonse Juin reçoit son bâton de maréchal de France des mains du président de la République Vincent Auriol, en juillet 1952/AFP/André Delboy.
Pétainiste au départ, le maréchal n’est jamais devenu gaulliste. Sa position vis-à-vis du futur président de la République relève plutôt de l’attentisme. Celui qui était un grand partisan de l’Algérie française n’a toutefois pas participé au putsch des Généraux, un coup d’Etat qui visait à bouter le général de Gaulle hors du pouvoir, en 1961.
Le général Charles de Gaulle (au centre), accompagné d’Alphonse Juin (à droite), en voyage à Moscou en décembre 1944/AFP
Après la Seconde Guerre mondiale, la carrière d’Alphonse Juin se poursuit au sein de l’OTAN, dont il prend le commandement des forces alliées dans le secteur Centre Europe. Multidécoré de nombreuses médailles militaires, il sera aussi élu à l’Académie française le 20 novembre 1952, par 25 voix. « Une véritable élection de maréchal », s’amuse le site de l’institution.
C’est le 27 janvier 1967 qu’il décède, non sans avoir publié ses Mémoires et d’autres ouvrages. Des funérailles nationales sont alors organisées. Seize ans plus tard, en 1983, étaient construites à Paris la statue et la plaque commémorative pour lui rendre d’hommage. Le lieu, la place d’Italie, est choisi en référence à ses batailles.
La statue du Maréchal Juin dégradée par des casseurs, le 16 novembre 2019/LP/Guillaume Georges
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