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Raymond Vaudé, né le 20 mars 1902 à Virey-sous-Bar (Aube), personnage dont le parcours rocambolesque semble relever de la fiction.

« De l’enfer du bagne à la fusée Ariane, le parcours de ce petit cambrioleur, évadé du pénitencier puis résistant décoré, qui finira par retourner sur les terres de son calvaire ? »

Il passe une partie de sa jeunesse, en famille, dans son village natal →→ puis s’engage dans la Marine Nationale jusqu’en 1923 date où il est libéré du service militaire.

Hélas, il dérape dix ans plus tard.

Il est condamné à 5 années de travaux forcés pour un vulgaire cambriolage par les assises de la Seine le 27 janvier 1933.

Il est incarcéré à la ←← prison de Saint Martin de Ré pour partir en Guyane, sous le matricule 52.306 par le convoi de 1935, à bord de →→la Martinière

À cinq heures du matin, les forçats sont réveillés et tous sont réunis une heure après dans la ←← cour du dépôt où chacun est fouillé car il est interdit d’emporter du tabac, des briquets ou des pipes pendant la traversée.

Une fois fouillés, les forçats reçoivent tous un sac renfermant leurs effets pour la traversée. Ce trousseau, soigneusement arrêté par un décret ministériel du 6 septembre 1889, est essentiellement constitué d’un uniforme. Il est de trois tailles et se présente sous la forme d’une vareuse et d’un pantalon de molleton, de deux paires de souliers en cuir, de trois chemises en coton, d’une en laine, d’un pantalon et d’une vareuse en toile et de deux paires de chaussettes en laine.

A bord du ←← bateau lors de la traversée à destination de Saint-Laurent du Maroni →→ où il est incarcéré comme des milliers d’autres forçats au ←← « camp de la transportation ».

 

« Les bagnards sont employés soit dans les travaux publics (assainissement des marais ou entretien des installations portuaires, construction de routes) soit au service des particuliers ».

 <<Le bagne mérite bien le surnom de « guillotine sèche » : les châtiments inhumains, la malaria, les mauvais traitements, la « dépravation » font des ravages, les conditions sanitaires y sont si déplorables qu’un taux de mortalité important y est enregistré. Ainsi, l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas les 3 à 5 ans. Les infections sexuellement transmissibles y sont très répandues. De plus, des bagarres y sont fréquentes et leur issue parfois fatale pour les protagonistes>>.

Il accomplit sa peine intégralement et il est libéré ?

Mais tout condamné à moins de 8 ans, est en fait un « doublard ». Il lui est imposé, après sa libération, de rester en Guyane durant un nombre d’années équivalent à celui de sa peine. Les « libérés » mais toujours prisonniers, sans ressources, vivent dans le plus complet dénuement →→ à St Laurent. Ils sont quasiment condamnés à replonger dans la délinquance pour ne pas mourir de faim.

Raymond Vaudé, homme au caractère bien trempé, refuse ce destin cruel et imbécile. Il s’évade, d’abord à deux reprises, mais est repris. Sa troisième « belle » est la bonne quand avec deux compagnons d’infortune, il se jette à la mer sur une embarcation à voile et rames. Porté par le courant Sud-Nord qui vient de l’embouchure de l’Amazone qui longe les côtes de Guyane.

Evadé, en 1940, il revient en France et s’engage courageusement dans la Résistance, →→ le voilà garçon de café à Troyes, où il effectue des missions de renseignement et de sabotage, qui lui vaudront la médaille de la ←← Résistance « crée le 9 février 1943 à Londres par le général De Gaulle, chef de la France Libre » le revers porte les mots < Patria non immemor – La Patrie n’oublie pas > ce qui lui vaut une réhabilitation solennelle, qui efface sa peine passée.

Le matricule 52.306 est un ←← homme libre qui devient un « Français libre » en entrant dans la résistance →→ à l’occupant nazi.

Il sera réhabilité en 1947 par le général De Gaulle.

En 1 949, sans aucune perspective de vie dans l’Hexagone, il rejoint son ancienne terre de souffrance où il fait souche et fonde une famille.

Il mène diverses affaires et consacre une partie de son temps et de son énergie à aider certains de ses ex- codétenus. 

Quand le Centre spatial →→ sort de terre à Kourou, il monte un restaurant bar ←← « le Saramaca », très connu là-bas, qui était un peu la cantine des ingénieurs.

 

Il est un des très rares bagnards qui réussit socialement en Guyane. Son livre : Passeport pour le bagne (aux éditions Veyrier) ne connut malheureusement qu’un succès d’estime, ce qui le remplit quelque peu d’amertume quand on s’extasiait devant lui sur les innombrables mensonges et inventions de toutes pièces contenues dans le célèbre « Papillon » d’Henri Charrière. Il valait mieux éviter d’aborder le sujet en face de lui.

Il décède en 1986 et reste une figure populaire en Guyane, pas oublié par ↓↓.

Plus d’un demi-siècle plus tard, le 8 mars 2012, Pascal Vaudé, son petit-fils, remporte (battant le record de l’épreuve – 40 jours, 3 heures et 45 minutes) la course transatlantique « Rame-Guyane » (Dakar- Cayenne), « forçat de la mer » à sa façon, va être accueilli en héros à Cayenne. Il sait qu’en franchissant la ligne d’arrivée, il signera deux victoires : la sienne dans la 3e édition de la transat Bouvet-Guyane, mais aussi la revanche du matricule 52.306 et du grand-père Raymond.

Sources : une idée de mon gendre et de ma fille, pour un rappel de mes séjours en Guyane, et internet.

                                                                                                                      Serge Clay

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