Résistante, Déportée, auteure, écrivaine, engagée toute sa vie MICHELINE MAUREL
Ce témoignage a été recueilli et retranscrit par NEO
Il est le récit fidèle d’Olivier son frère
Amis, lecteurs sachez combien nous sommes fiers de publier ce récit !
Merci, pour cette magnifique leçon de vie !
Le poème est écrit à l’automne 1944 lors de la captivité de Micheline,
Dans ce témoignage, il se nourrit du regard de Micheline, de son vécu relaté dans le livre écrit en 1957 « un camp très ordinaire », un reflet 13 ans plus tard de ce que les vers, les strophes ne pouvaient laisser paraître !
Ce « miroir » nous est offert par NEO !
Un jour je vois dans sa chambre, un cahier dans un très mauvais état, c’est un recueil de poèmes écrits dans le camp. Pour la première fois de ma vie, je comprends ce que ma sœur a vécu… c’est ainsi que son frère OLIVIER nous emmène dans l’univers de celle qui fut une grande DAME …
[Poésie] Micheline Maurel – Il faudra que je me souvienne matricule35494
Il faudra que je me souvienne
Plus tard, de ces horribles temps,
Froidement, gravement, sans haine,
Mais avec franchise pourtant.
Décharnée, la peau brunâtre, les yeux fous, la tête enturbannée de chiffons sales, bras et jambes entourés de bandelettes en papier, déchirées et tachées… « Mesdames, ces femmes ne sont pas malades, elles sont plus anciennes ici, voilà tout. »… Mais nous sommes restés persuadées que la « stubowa » voulait nous faire peur…
De ce triste et laid paysage
Du vol incessant des corbeaux,
Des longs blocks sur ce marécage,
Froids et noirs comme des tombeaux.
Je nous revois, les Françaises, sur le terrain d’appel dans l’hiver 1943 : il fait 20° sous zéro. Nous n’avons aucun lainage. Nous sommes à jeun, et nous devons rester immobiles et debout. J’entends encore le piétinement des milliers de galoches. Je vois le visage des autres se décomposer peu-à-peu – devenir mauve, puis verts. Je vois les yeux ternes se creuser, se ternir encore.
De ces femmes emmitouflées
De vieux papiers et de chiffons,
De ces pauvres jambes gelées
Qui dansent dans l’appel trop long.
Très souvent, et quelquefois pendant des semaines entières, j’ai dû renoncer à la soupe. Je n’étais pas seule à souffrir, la majorité des femmes qui sont mortes au camp sont mortes de ce mal. Et parmi celles que l’on a emportées du Ravier à la chambre à gaz, beaucoup avaient simplement sur l’étiquette de leur châlit le mot « Durchfall ».
Des batailles á coups de louche,
À coups de seau, á coups de poing,
De la crispation des bouches
Quand la soupe n’arrive point.
Les grands crachaient vers nous au regardaient ailleurs. Les plus petits nous regardaient tant qu’ils pouvaient. Si nous avions pu leur sourire, ils nous auraient peut-être souri. Pour moi, le plus bouleversant n’était pas leur attitude, mais tout simplement leur présence.
De ces « coupables » que l’on plonge
Dans l’eau vaseuse des baquets
De ces membres jaunis que rongent
De larges ulcères plaqués.
Pas question reçue à bras ouverts dans l’état dans lequel j’étais. Je ne savais plus que faire quand, par l’imagination je retrouvais mon ami… Lépreuse, infecte et à demi-gâteuse, je ne pouvais plus souhaiter que l’hôpital… Mais je pensais encore aux êtres que j’aimais. Une fois, très haut dans le ciel de Neubrandebourg, est passé un avion isolé…
De cette toux á perdre haleine,
De ce regard désespéré,
Tourné vers la terre lointaine,
O mon Dieu, faites-nous rentrer ! …
Il faudra que je me souvienne…
« Alors il faudra leur dire » paroles du chant de Francis Cabrel.
Oui nous le dirons tant que nous pourrons témoigner !
OLIVIER, 82 ans
Enfant dans la tourmente de la Résistance, il témoigne de l’engagement et du sort de Micheline MAUREL, agent de renseignements de réseaux polonais puis du réseau Marco Polo, déportée au camp de Nebrandebourg, kommando de Ravensbrück, sa propre sœur !
« Ma sœur, Micheline est née en 1916, soit une quinzaine d’années avant moi, elle est l’aînée de la fratrie, moi le benjamin et son filleul. Notre père est télégraphiste dans la Marine pendant la Grande Guerre, ce qui lui évite de partir au combat. A l’époque, sa mère est uniquement élevée par ma grand-mère qui l’empêche d’aller à l’école, craignant d’éventuelles maladies.
A la naissance du deuxième enfant Guy, ma grand-mère décide de s’occuper de Micheline. Dans sa petite enfance, habitant dans un petit hameau du Lot, elle fait ses études à domicile, par correspondance. A son entrée à l’école, à l’âge de 9 ans, elle est la plus âgée de sa classe et devient une excellente élève. Elle adore l’école, ce qui la suit jusqu’au baccalauréat, qui est une réussite. Ses professeurs se cotisent même pour qu’elle puisse poursuivre ses études à Aix puis à Lyon. Dans notre famille, à cause de son caractère, elle est assez crainte par tous ! Elle poursuit ses études jusqu’à obtenir une certification en lettres classiques.
Lorsque la guerre éclate, pensant devoir s’engager, elle cherche à devenir infirmière mais en décembre 1939, elle obtient une bourse pour préparer l’agrégation à Lyon. Elle se retrouve dans la pension où elle loge avec plusieurs pilotes polonais, enfuis du camp dans lequel ils avaient été enfermés par les Russes, souhaitant continuer le combat contre l’Allemagne nazie alors que ses griffes sont en train de se renfermer sur la Pologne.
Ma sœur est alors une très belle femme de 23 ans, elle ne tardera pas à séduire les pilotes, dont Zeligovsky, que je connaîtrai toujours comme « Tadek ». Il ne lui laisse pas d’illusion sur ce qu’est le nazisme et sur ce qui arriverait si par malheur la campagne de France échoue. En juin, Tadek tombe malade et les deux partent en pèlerinage pour Lourdes, en pleine débâcle. Ils y arrivent le 17 juin dans une pagaille monstre ! Au soir, la radio paraît diffuser un message d’importance, Tadek lui demande d’aller voir ce qu’il en est vu qu’il comprend peu le français. Quant à elle, il faut noter qu’elle a très vite appris le polonais en six mois ! Elle revient en lui disant « C’est la fin de la guerre. Pétain capitule » Tout de suite, ça ne lui paraît pas extraordinaire, après tout, plus vite vient la paix, mieux c’est ?
Tadek, lui est effaré et part immédiatement pour Bordeaux d’où il embarque pour l’Angleterre poursuivre le combat avec un réseau de Résistance polonaise. Il lui donne avant de partir des papiers compromettants pour sa famille restée en Pologne et lui demande de les cacher. Micheline veut à tout prix le suivre, ce qu’elle ne pourra pas : le convoi étant uniquement militaire. Coincée pendant longtemps à Lourdes, elle réussit à passer par Toulon, où elle enterre les papiers confiés dans notre jardin dans le quartier de L’Escaillon.
Elle rentre à Lyon dans les mois qui suivent. Sa première préoccupation est de retrouver des soldats polonais pour reprendre contact avec Tadek. Dans le réfectoire, un homme voyant qu’elle parle bien le polonais discute avec elle pendant plusieurs jours pour comprendre ce qu’elle pense de la situation. Il lui demande un jour si elle accepterait de porter des documents jusqu’à Grenoble.
Elle accepte, c’est « sa première action ».
Ses efforts, contacts et liens lui permettent de retrouver la trace de Tadek et de sa famille qui lui écrit en septembre : elle doit apporter une valise à Paris dont jamais elle ne devrait connaître le contenu. Mais, pour faire tous ses déplacements de la zone libre à la zone occupée, il lui faut des « laisser-passer », des Ausweis. Pour les obtenir il faut toujours faire de très longues et interminables queues. Un jour, une bagarre éclate dans la file, devant elle. Le contrôleur lâche son matériel par terre et court séparer les personnes, une cohue se crée. Elle en profite pour saisir les formulaires et les tampons par terre et pourra désormais se faire ses propres Ausweis ! En octobre 1941, elle obtient un poste de professeur de lettres pour un an dans un lycée de Lyon. A trois reprises, elle tente de passer en Angleterre, ce qui se soldera toujours par un échec et heureusement pour elle d’ailleurs !
Micheline est une femme provocatrice… Elle porte toujours sur elle un corsage avec l’aigle
polonais en souvenir de son ami aviateur. Un jour, un homme, voyant l’insigne lui demande si elle parle polonais. Elle lui répond positivement et le questionne « d’où vient-il… Il rétorque : Je suis tombé du ciel ! » »
Elle comprend directement, c’est un camarade de Tadek. Elle rejoint grâce à lui un réseau français rattaché à Londres. En octobre 1942, son chef de réseau lui conseille de refuser un poste de professeur dans un lycée du Jura, sous prétexte de poursuivre son agrégation. Elle prend donc une carte d’étudiante pour avoir une couverture.
La Résistance devient son emploi « à temps plein »…
Un mois plus tard les Allemands envahissent la zone libre, Micheline part travailler dans le Var alors sous occupation italienne. La côte varoise se fortifie petit-à-petit et Micheline devient un agent de renseignement. Il lui faut noter « chaque emplacement et la composition des batteries, des bunkers, des murailles en construction, des plages minées et des chemins étroits que les militaires laissent libres pour les utiliser eux-mêmes » » (La Vie morale).
Une fois chez elle, elle rédige ses rapports et décrit les installations vues le jour-même… Un jour, le sac plein de dessins et des derniers progrès de la fortification du littoral, elle apprend la dispersion de son réseau. Que faire de tous ces documents ? Elle se souvient d’une femme croisée dans la rue lui ayant demandé de traduire un texte en polonais. Cette femme lui avait dit une phrase telle que « Mon mari fait des actions dangereuses ». Elle réfléchit et cherche à tout prix à recontacter cette femme. Peut-être fait-il aussi partie de ce que l’on appelle « la Résistance » ?
Après maintes recherches, elle trouve l’homme et lui présente les documents.
Elle conclut par « que faut-il que je fasse ? » Ce polonais lui répond « Vous ferez exactement la même chose, mais pour nous ! ». Ainsi, Micheline rentre dans le réseau de la France Libre Marco Polo… Au fur-et-à-mesure, de contacts en contacts, elle agit pour plusieurs réseaux mais tient à garder closes chacune de ses activités. On finit par lui demander de convoyer des pilotes anglais vers des terrains d’atterrissage clandestins d’où ils repartent vers l’Angleterre. Grâce à la présence de la maison familiale à Toulon, elle choisit de poursuivre ses activités sur le littoral. Mais Micheline veut de la dynamite plus que renseigner, elle souhaite participer aux actions armées ! A cette demande, son chef lui répond « Vous signalez les objectifs, d’autres les détruiront. »
Lors d’une mission à la Londe les Maures, plage selon elle « bonne pour un débarquement », elle voit les Italiens miner le terrain. Elle aperçoit entre les barbelés un passage devant un sentinelle somnolent sur une guérite. Le moment opportun, elle part tranquillement dans le passage en faisant la touriste se promenant sur le bord de mer… Elle photographie mentalement ce qu’elle voit, en haut de la plage, les Italiens font la sieste ainsi que les deux gars de corvée. Soudain à sa gauche, un type se lève et lui dit des mots en italien qui ne la rassurent pas, elle lui répond par un « Je me promène, Monsieur ! ». Elle suit le type jusqu’à une villa où le gros commandant lui demande son sac. Elle prend peur, elle a dans son sac un dessin d’un canon sur un coin d’enveloppe. Elle fait mine de ne pas comprendre et chante à ce commandant la beauté des paysages
« Je voulais simplement refaire une promenade que j’avais faite mainte fois dans mon enfance : longer la mer à partir de la Londe jusqu’à l’Almanarre, je chante la beauté du paysage… »
Elle conseille même au commandant d’aller voir par lui-même quand soudain, elle voit une carte au mur vers lequel elle tend le bras.
Elle réfléchit et s’arrête directement, ça pourrait paraitre très suspect vu qu’un civil ne sait pas lire une carte d’état-major. Le commandant, dans une sueur épouvantable lui dit « Allez au diable ! » Elle réussit à s’en aller. Lorsqu’elle arrive près de la guérite, le garde l’appelle et lui demande de l’accompagner dans le bois de chênes verts. Il l’allonge au sol, décroche son fusil et se met à défaire sa braguette.
« Lorsqu’il a sorti son instrument, j’ai sorti mon couteau suisse » L’homme prend peur et repart très vite !
Avec l’arrivée des Allemands sur le littoral, la tâche devient bien plus difficile !
Micheline tape ses rapports pendant la nuit et un jour la petite bonne du bâtiment vient la voir et lui dit : « Arrêtez de taper, la Gestapo est en bas ! » Elle se dit qu’arrêter d’écrire pourrait paraitre suspicieux vu le bruit que fait la machine, elle range un peu et continue… La Gestapo arrête ses voisins du bas, communistes mais ils ne viendront pas voir l’étage du haut.
Un autre jour, cherchant à accéder à des batteries anti-aériennes, elle passe par la mer et marche sur le bord de l’eau, saute sur les rochers lorsque l’eau est trop profonde. Des mitraillettes au-dessus du sommet des falaises l’attirent, elle grimpe sans trop de difficulté et débouche sur un nid de mitrailleuses. Un militaire arrive et en souriant elle lui demande :
« C’est avec ces petites machines que vous allez arrêter le débarquement des Américains ? », il lui répond « Oh mais non, nous avons des canons. Venez voir ça ! »
Il l’emmène voir des canons dissimulés sous des branches d’oliviers. Puis se ravisant, il trouve la présence d’une jeune femme en ces lieux suspecte. Elle lui dit « Je suis montée par la mer, je ne savais pas qu’il y avait un terrain militaire. Comment puis-je sortir maintenant et retrouver la route ? » Après une hésitation, il l’emmène jusqu’à la route et Micheline repart tranquillement, pour ne pas éveiller les soupçons.
Lors de sa prochaine expédition, Micheline m’emmène jouer au ballon. Sur les quais de La Seyne, des batteries anti-aériennes sont installées et elle tient absolument à savoir comment elles sont composées. Avec le gros ballon dans le filet, nous sommes allés jouer sur la grande place, vide depuis l’arrivée des Allemands, voyant que le factionnaire tourne la tête, elle a envoyé le ballon au-dessus du mur.
Me tenant dans ses bras, elle se précipite vers le garde, le supplie de me garder et rentre en vitesse dans la batterie. Elle feint de ne pas le voir et fait le tour de la batterie, juste le temps de compter les divers canons dans l’enclos. Ma sœur me récupère en très vite et nous repartons…
Personne dans la famille ne doit connaître ses activités.
Mais un jour ma Mère lui demande :
« Pour qui travailles-tu, de Gaulle ou Giraud ? » ; elle répond « Pour le Général de Gaulle. »
Si on t’arrête, que t’arrivera-t-il s’exclame ma Mère. ?
Agressivement, elle répond : « Si on m’arrête, on me fusillera rapidement, ça ira très vite et je ne pourrai pas souffrir ! ».
Elle s’en est toujours voulu puisque peu après, Micheline est arrêtée lors d’une mission à Amélie-les-Bains. Interrogée, torturée par la Gestapo, elle a sur elle des papiers compromettants écrits sur un papier très fin, enroulés dans un stylo. S’ils trouvent le stylo, ils comprendront qu’il y a des papiers dedans. Elle réfléchit très rapidement et un mouchoir dans la poche pourrait être la solution. Elle fait semblant de vouloir vomir, attrape le mouchoir et le stylo, posé au préalable en dessous. Une fois dans les WC, elle déroule le stylo, enlève le papier et le jette dans les WC, d’une vitesse impressionnante pour elle qui est assez maladroite. Elle lance le stylo par la petite fenêtre et revient en étant rassurée de ne laisser aucune trace compromettante pour ses camarades ou sa famille. C’est ce qu’elle pense car, dans sa chambre des lettres avec Tadek sont retrouvées…
Micheline est emmenée à la citadelle de Perpignan dans laquelle elle reste trois semaines à subir tortures et interrogatoires
Expédiée au fort de Romainville, elle a failli être libérée par son réseau !
A Romainville, où les détenus ont encore une certaine liberté, il y a une possibilité d’aller chez le dentiste en cas de rage de dents. Les dentistes sont membres pour certains d’un réseau et font libérer discrètement des internés, mais Micheline est déjà inscrite sur une liste de départ vers l’Allemagne, elle part dans un convoi assez ordinaire, avec des jeunes partant pour le STO mais sera séparée d’eux pour être mise en quarantaine dans un camp allemand, proche de Berlin, appelé Ravensbrück. Après un mois, départ vers une destination inconnue. Les premiers « schnels » et les premières brimades ne feront que préparer son corps lors de l’arrivée dans un autre monde, un monde nommé « Nebrandebourg »…
Nous avons appris son arrestation grâce à un mot que Micheline avait glissé dans la main d’un passant lorsqu’elle a été conduite à Perpignan. Ma grand-mère qui s’était énormément occupée d’elle étant petite en est très affectée. Toujours, elle espère la voir revenir. Alors elle se met devant la porte, derrière la fenêtre et attend…
Ma belle-sœur est affolée de savoir Micheline arrêtée : mon frère, travaillant à l’Arsenal, est également en Résistance, elle craint une perquisition chez toute la famille.
Mon père a lui aussi aidé la Résistance en faussant une liste de perquisition, il met les noms des Résistants pour « morts », ce qui en sauvera plusieurs.
Un jour de 1945, je rentre à pied de l’école de Valbertrand. Sur le chemin, une vieille dame au seuil de la porte d’une maison me dit « Ta sœur est rentrée. » Je lui réponds « Qui Geneviève ? » Non, ta sœur Micheline !
Je me mets à courir, Micheline, que je n’ai pas vu depuis deux ans maintenant est enfin revenue ! Je luis saute dans les bras, dans les bras de celle qui est également ma marraine, sans me rendre compte de son épuisement et de sa triste condition physique…
Un jour je vois dans sa chambre, un cahier dans un très mauvais état, c’est un recueil de poèmes écrits dans le camp. Pour la première fois de ma vie, je comprends ce que ma sœur a vécu…
Il faudra que je me souvienne automne 1945
Poème agrémenté d’extraits du livre Un camp très ordinaire 1957 réédité en 2016
Micheline apprenant que Tadek s’est marié pendant la guerre, part pour Genève avec un médecin rencontré dans l’hôpital français de Londres, où elle avait été hospitalisée.
Au moment de la guerre d’Algérie, elle a un poste de traductrice à l’OMS et à la demande d’un aumônier universitaire, elle rentre une nouvelle fois en Résistance.
Dès les jours qui suivent des jeunes, sales et épuisés d’avoir traversé la frontière arrivent chez elle, des jeunes insoumis qui refusent de participer aux guerres coloniales. Elle en a ainsi sauvé beaucoup, jusqu’à l’adoption de sa fille. Elle m’a même proposé de la rejoindre, ayant l’âge d’être mobilisé. Ayant été réformé, j’évite la mobilisation. Durant toute mon enfance, recevoir une lettre de Micheline est un évènement dans la maison, chacun se presse pour la lire avec sa magnifique écriture et ses dessins.
Quelques jours avant le Noël 1962, elle est renversée par un chauffeur, sur son lit d’hôpital, elle a eu un retour brutal des tortures, des sévices subis au camp. Elle entend les médecins parler allemand, des banderoles de propagande nazie, des coups et des insultes en allemand pendant une dizaine de jours… !
Elle ira auprès des élèves raconter son histoire, jusqu’à son décès en juillet 2009, à 93 ans.
Dans sa chambre à la maison de retraite, j’ai un jour ramassé un poème par terre, je lui ai lu les premiers vers et, instinctivement, elle m’a récité les autres, comme s’ils ne l’avaient jamais quitté. Elle qui n’a jamais cessé de résister, jusqu’à son dernier souffle a réussi, par ces Micheline apprenant que Tadek s’est marié pendant la guerre, part pour Genève avec un médecin rencontré dans l’hôpital français de Londres, où elle avait été hospitalisée.
Au moment de la guerre d’Algérie, elle a un poste de traductrice à l’OMS et à la demande d’un aumônier universitaire, elle rentre une nouvelle fois en Résistance.
Dès les jours qui suivent des jeunes, sales et épuisés d’avoir traversé la frontière arrivent chez elle, des jeunes insoumis qui refusent de participer aux guerres coloniales. Elle en a ainsi sauvé beaucoup, jusqu’à l’adoption de sa fille. Elle m’a même proposé de la rejoindre, ayant l’âge d’être mobilisé. Ayant été réformé, j’évite la mobilisation. Durant toute mon enfance, recevoir une lettre de Micheline est un évènement dans la maison, chacun se presse pour la lire avec sa magnifique écriture et ses dessins.
Quelques jours avant le Noël 1962, elle est renversée par un chauffeur, sur son lit d’hôpital, elle a eu un retour brutal des tortures, des sévices subis au camp. Elle entend les médecins parler allemand, des banderoles de propagande nazie, des coups et des insultes en allemand pendant une dizaine de jours… !
Elle ira auprès des élèves raconter son histoire, jusqu’à son décès en juillet 2009, à 93 ans.
Dans sa chambre à la maison de retraite, j’ai un jour ramassé un poème par terre, je lui ai lu les premiers vers et, instinctivement, elle m’a récité les autres, comme s’ils ne l’avaient jamais quitté. Elle qui n’a jamais cessé de résister, jusqu’à son dernier souffle a réussi, par ces poèmes à montrer une once de beauté dans ce camp si ordinaire.
Micheline, une vie en Résistance
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