BISCHHEIM Lycée Marc Bloch
Charles Geisler, Malgré-nous, témoigne
Grâce à Line Zugmeyer, arrière »‘.petite-fille d’un Malgré-nous, et de la professeure d’histoire de la classe de terminale Abibac, Edith Stroh, des élèves de la filière ont pu entendre une leçon d’histoire empreinte d’émotion
Au programme de cette classe d’Abibac (Abitur allemand et baccalauréat français) de 17élèves figurent les mémoires de guerre avec, entre autres, la Résistance ou encore l’incorporation de force.
Charles Geisler de Schiltigheim a exposé son « chemin de vie » aux élèves. Il a été incorporé de force dans l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, en même temps que 130 000 Français (Alsaciens et Lorrains).
Ce Malgré-nous est né en 1925. Il est entré à l’école primaire de Schiltigheim en 1931 et a obte nu son CEP en 1938. En 1939, l’année de ses 14 ans, une triste nouvelle tombe : la guerre a éclaté et c’est l’évacuation des Schilikois vers le Limousin.
Charles Geisler a été enrôlé dans la Wehrmacht en 1943 : « Comme personne ne comprenait rien, on n‘a ni juré sur le drapeau allemand, ni chanté leur hymne. » PHOTO DNA
De retour de Haute-Vienne en 1940, Charles Geisler intègre, contraint et forcé, les jeunesses hitlériennes en tant que sapeur pompier : « Au moins la nuit, on pouvait sortir, ce qui n’était pas le cas des autres. Jamais je n’aurais pensé que je serai in corporé dans le RAD (Reichsar beitsdienst = service de travail obligatoire du Reich). Durant trois mois on a appris ce qu’était la discipline. En 1943, je suis enrôlé dans la Wehr macht et envoyé près de Munich pour apprendre à manier les armes et prêter serment. Mais comme personne ne comprenait rien on n’a ni juré sur le drapeau allemand, ni chanté leur hymne, alors ils ont mis un disque . »
Charles part pour Wismar (mer Baltique}, puis à Hambourg :
« C’est là-bas que j’ai tiré au fusil pour la première fois. Et en plus, notre chef, c’était Göring. Ensuite , on nous a envoyés sur le front de l’Est en Biélorussie. Je faisais partie, de la DCA (Défense contre l’Aviation = Luftabwehr) et on devait tirer sur les avions russes . Pour nous, c’était difficile de participer à une guerre dont on ne voulait pas ! »
« On n’avait qu’une idée en tête, déserter, mais les Allemands pendaient les déserteurs »
avec son arrière petite fille
Et de poursuivre : « Rendez vous compte, un bonhomme élevé en France doit faire la
guerre avec un uniforme allemand sur le dos dans une armée qu’il détestait ! Avec mes camarades, on faisait la guerre à reculons. On n’avait qu’une idée en tête : déserter , mais les Allemands pendaient les déserteurs, alors on avait peur. Beaucoup de mes copains ne sont pas revenus . »
En 1945, une fois la guerre terminée, Charles a été autorisé à rentrer chez lui à Schiltigheim, après avoir prouvé aux Renseignements Généraux qu’il était français et Malgré-nous.
En conclusion de l’échange questions-réponses avec les élèves, Charles Geisler leur a dit :
« Je suis anti-guerre. En France on a la chance d’avoir la paix depuis plus de 70 ans. Vous avez l’âge que j’avais lorsque j’ai dû partir. Profitez-en ! »
À la fin de ce cours d’histoire un peu particulier, il a offert à chaque élève une branche de laurier de son jardin : « Je n’ai pas d’olivier dans mon jardin alors je vous offre un rameau de laurier, en signe de paix. »
R.D.
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