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 A notre tour de témoigner de notre passé d’enfants frappés par un destin funeste.

                      Les fées ne se sont pas penchées sur notre berceau                

Lassés de se voir « laissés pour compte », de lire sans cesse les plaidoyers que l’on pourrait qualifier d’outranciers en réponse à nos parlementaires qui interpellent le Pouvoir, pour rappeler simplement que des Hommes, des Femmes ont laissé leur vie pour le Pays, les Pupilles de la Nation nous écrivent !

 Ils se livrent au téléphone !

 Les Pupilles veuves nous disent combien cette mesure de réparation serait nécessaire afin de pouvoir vivre le reste de leur vie dans un établissement de leur choix.

D’autres s’insurgent contre le fait que la mention « Mort pour la France » ait pu être refusée alors que la maladie contractée dans les camps ou au combat soit explicite ! Et la retraite du combattant pouvant abonder le capital versé à la retraite mutualiste est un leurre !!!! pour cette catégorie !

 Et tous nous disent ne pas avoir été aidés dans leur enfance, qui connaissait les ONAC, au fond des campagnes, dans les villes dévastées ?

Le voisinage, les Maires des communes ont pallié l’insuffisance de prise en charge.

 Chers Parlementaires, prenez acte de ces témoignages, vous ne pourrez plus vous satisfaire des réponses bureaucratiques lapidaires !!!

Famille CASSARD  16 décembre 2021

Il est désolant d’arriver à 80 ans pour encore et toujours justifier notre enfance

d’orphelin suite au décès de nos parents morts pour la France.

Voici le cas de notre famille lors du décès de notre père :

5 enfants : Claude 13 ans, Nicole 12 ans, André 9 ans, Hubert 6 ans, Léone 1 an

Notre Papa né le 11 août 1909 à Vennes dans le Haut-Doubs, marié le 21 juin 1938, mobilisé le 5 août 1939, prisonnier à Nuremberg, 5 ans de détention durant laquelle il contracte la tuberculose.

Il rentre en France le 11 mai 1945 et c’est le sanatorium, les perfusions à la maison…

Puis il décède le 5 juillet 1952 avec la mention « Mort pour la France » en laissant dans la peine et la précarité notre maman et cinq enfants qui seront déclarés « enfants adoptés par la Nation » par le Tribunal d’Instance de Pontarlier le 3 mars 1953.

Maman née le 1er avril 1914, reçoit une pension de veuve de guerre.

Nous habitions dans une ferme désaffectée qui comprenait 5 logements : 2 au RDC ET 3 au niveau de la grange avec eau courante et cuisinière à bois, une bassine pour le bain.

Nous demeurions à l’étage coté route avec sortie sur le pont de grange.

C’est avec le temps qu’on réalise l’absence du père ; pas de référence, de guide pour avancer dans la vie.

Nous sommes vraiment orphelins de cette absence paternelle que personne ne peut partager.

Comme un handicapé, on essaie de s’adapter socialement et de faire sa vie comme les autres.

Mais quand on rentre à la maison, il n’y a pas de père comme dans les familles voisines.

Côté argent, on n’en parlait jamais, comme de la guerre. Ce n’est que tardivement que maman nous laissa quelques pièces…

Maman courageuse savait bien cuisiner et faisait son jardin en notre compagnie. Elle élevait quelques lapins. Elle faisait aussi quelques travaux ménagers à temps partiel, aidait nos voisins paysans.  On jouait avec nos voisins. L’été en vacances chez nos oncles paysans, pour faire les travaux des champs…

En âge de travailler, chacun faisait une formation selon ses capacités pour « gagner sa vie »

Seul, l’aîné a fait des études pour devenir médecin en bénéficiant d’une bourse.

Nous vivions modestement pour ne pas dire pauvrement, sans nous plaindre, sans aide de personne et sans réclamer. N’ayant rien demandé et n’ayant rien reçu, on savait se contenter de peu !   J’ai même fait mon service militaire 16 mois plus le temps de permission.

J’ai connu l’ONAC en 2004 pour demander la carte de pupille de la Nation et la carte d’orphelin de guerre lorsque je me suis inscrit à une association.

En novembre 2012, j’ai demandé à la mairie de Dijon d’ajouter sur mon acte de naissance, la mention marginale « Adopté par la nation », jugement rendu le 03/03/1953 par le Tribunal d’Instance de Pontarlier que j’ignorais totalement.

Du coup, la Nation m’a ignoré !

Demande de réparation et d’égalité pour les pupilles de la Nation et orphelins de guerre quelque soient les circonstances du décès du Père ou/ de la Mère.

Un homme est mort qui continue la lutte     Contre la mort, contre l’oubli

Car tout ce qu’il voulait                                     Nous le voulions aussi

Nous le voulons aujourd’hui                            Que le bonheur soit la lumière

Au fond des yeux au fond du cœur                 Et la justice sur la terre

 

« Gabriel Péri » de Paul Eluard                                 (Au rendez-vous Allemand 1945)

 

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