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Toutes les semaines, nous publierons 2 extraits du Livre Blanc des pupilles de la Nation de la Fnapog   (Féderation Nationale Autonome des Pupilles de la Nation Orphelins de Guerre.)

 

Mon père Jean Marius Raynal  est décédé le 5 juin 1944 lors du bombardement, par les alliés, de la gare de Plaisir Grignon près de Paris. Il voyageait à bord d’un convoi civil en direction de Paris. Le bombardement a été effectué par l’aviation anglaise afin d’anéantir toutes les voies de communication permettant le ravitaillement des troupes allemandes basées en Normandie.

Le bombardement d’une ligne ferroviaire par les Forces de la France Libre, la veille du débarquement du 6 juin 1944, permettant de retarder l’avancée des troupes allemandes vers les côtes normandes, n’est-il pas considéré comme fait de guerre ?

Nous étions 3 jeunes enfants (ma sœur aînée avait 6 ans, mon frère, 5 ans et moi 8 mois), nous nous trouvions chez des amis de la famille en Normandie. A ce moment-là nous étions comme tous les enfants de France.

A partir du 6 juin 1944, ce fut le grand drame de la Normandie, les personnes devaient quitter leur maison dans lesquelles ils pouvaient être tués ou les maisons bombardées, nous sommes partis sans connaître le décès de mon père, ni les endroits où nous allions. Ma Mère voulait revenir à Paris  mais rien n’était facile, nous dormions dans des caves, dans des églises, dans des prairies, jusqu’au jour où un maire est venu rencontrer ma mère pour lui annoncer la mort de mon père !!!!

Sa vie venait de se terminer, mais elle avait trois enfants à faire vivre !!!!! Elle n’a pas voulu nous abandonner, elle a retroussé ses manches et nous a élevée seule.

Durant le retour à Paris, nous étions  dans un camion mon frère a souffert terriblement par les bombes qui tombaient sur toutes les routes, ma sœur ne disait rien mais pleurait et moi à 8 mois je ne comprenais rien, ce sont ma sœur et mon frère qui m’ont expliqué notre retour.

Pour les enfants que nous étions, l’affection de notre père nous a terriblement et cruellement manqué tout au long de notre vie.

Ma mère fut très forte, comme toutes les Veuves de Guerre.

En 1945 nous fûmes adoptés par la Nation et devenus Pupilles et Orphelins de Guerre.

Durant toute ma vie mon père était dans ma tête, vers 14 ans je demandais de mourir pour avoir un baiser de mon père et le sentir à mes côtés !!!

Après mon brevet, ma mère m’a dit que je devais travailler, car elle devait aider les études de mon frère qui aurait une famille à nourrir, alors que ma sœur et moi nous aurions un mari qui s’occuperait de nous !!!

Donc j’ai eu mon premier travail à 16 ans et je me suis payé des cours de secrétariat et d’anglais, car il faut dire qu’à partir du moment où nous avions notre travail la Nation ne donnait plus rien aux Pupilles.

Puis la vie à continuer et personne ne m’a parlé de l’ONACVG qui pouvait m’aider si j’avais des problèmes, car à 40 ans j’ai perdu le père de mes enfants et je demandais (dans mon âme) à mon père de m’aider à trouver un bon travail pour continuer la vie.

A 50 ans mes enfants mariés et moi seule, je me suis remariée et 20 ans plus tard je me retrouve encore seule.

Pupille de la Nation et Orpheline de Guerre serait-il possible d’obtenir de la France qui m’a adoptée une aide mensuelle qui me permettrait de terminer ma vie sans trop de dégâts.

Ma sœur et mon frère ont le cœur et l’âme complètement écoeurés par nos gouvernements qui ont toujours crus que nous avons vécu comme tous les autres enfants ayant eu, EUX, leurs deux parents et toute leur famille de l’un et de l’autre, alors que nous nos familles se sont séparées et nous ont abandonnées.

J’ai 78 ans, je n’ai eu aucun héritage de la part de mes parents car nous avons vécu humblement, mes enfants, à l’heure actuelle ne peuvent pas m’aider.

Mon Père est mort pour sauver la France, mais que fait la France pour nous !!!!

A cette époque nous étions chez des amis en Normandie où l’on mangeait mieux qu’à Paris où nous habitions.  Le 6 Juillet on a demandé à ma mère de quitter la ville où nous étions car le débarquement allait être complètement destructif pour les maisons et mortel pour les personnes.

Nous sommes partis à pied dans des villes plus éloignées, ma mère ignorait la mort de mon père et nous allions d’un endroit à l’autre sans savoir où exactement. (des caves, des églises, des prairies, des maisons de personnes seules, etc …)

Claude DAYON née RAYNAL

 

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