VILLAUDRIC, un 20 août 1944
C’était un dimanche ordinaire de mois d’août, donc le 20 de l’année 1944, ciel sans nuage, le soleil est de la partie, mais une sécheresse persiste, (déjà), les puits sont à sec. La journée s’annonce agréable.
Un peu avant midi, on va prendre l’apéritif dominical au café du commerce, tenu par la famille Jambert. Les joueurs de foot locaux sont aussi présents. Puis on rentre à la maison pour le repas, rejoignant ainsi celles ou ceux qui avaient été à la messe. On retournera au café cet après-midi pour le concours de manille.
Oh ! surprise, deux camions de la Wehrmacht traversent la ville et s’arrêtent à la sortie, au croisement de la route de Sayrac, un quartier de Villemur/Tarn. Puis un autre stoppe à l’entrée de Villaudric. Ce sont des régiments en déroute, conséquence des débarquements de Normandie et de Provence, qui refluent vers le Nord du pays. Environ 150 véhicules, 2000 hommes venant de Toulouse1 pour rallier Montauban. C’est le début de la débâcle.
Surgit alors une traction avec sigle FFI peint sur les portières, qui s’arrête devant la maison de Garrigues et Doumeng. Les hommes qui en descendent, brandissent un drapeau blanc, et s’avancent vers les responsables allemands afin d’engager des négociations pour une éventuelle reddition, envisagée par l’état-major allemand, étant donné la démoralisation des troupes qui pensent plus à leur situation personnelle qu’à celle de leur armée. De plus, en tenue négligée, ils abandonnent leurs armes dans les camions et certains vont se rafraichir au café, ou quémander de l’eau pour se laver.
On ne s’inquiète pas trop, une troupe ennemie stationne au château depuis 3 ou 4 mois, et cela ne pose pas de problème.
D’autres camions arrivent et stationnent le long de la route de Bouloc. Pendant ce temps les pourparlers continuent entre FFI et responsables allemands.
De façon inattendue un camion avec 3 maquisards à bord en partance pour Fronton se ravitailler en essence et pneus, déboule, sans être au courant de la situation. Une sentinelle est en vue, le chauffeur Alain de Falguiéres panique, tente de changer de direction. Mais à l’arrière un maquisard ouvre le feu sur la sentinelle. Des soldats ripostent, le chauffeur est tué, le camion prend feu, un fût d’essence y était entreposé.
A Villaudric, l’instituteur Mr Roger Ycart, sort du café et rejoint la mairie où se trouve son logement de fonction au 1er étage. Trois jeunes, Germain Bories, Mathieu Gazzéra et Maurice Marcelin sont assis sur un banc et devisent. Mais ils ne sont pas très rassurés de cette drôle d’ambiance délétère. Ils décident de partir, l’un à vélo, Germain et les autres à pied. Plus loin une fusillade éclate. Ils se réfugient dans une maison proche.
Pourquoi ces tirs ? Tout simplement, si l’on peut dire, la riposte des soldats allemands au tir du résistant dans le camion.
Avertis, les officiers qui négocient, arrêtent le processus, les soldats reprennent leurs armes. Puis soudainement invitent les clients du café à sortir. Et c’est l’horreur absolue : ils sont tous fauchés par des rafales de mitrailleuses ou mitraillettes. Un seul survivra Adrien Jaylès2, devinant ce qu’il allait se passer, s’est laissé tomber, faisant le mort. Leur forfait accompli toute la colonne ennemie s’éloigne vers Gaillac et Albi3 où seront commises d’autres atrocités.
Sur le trottoir devant le café, c’est un amoncellement de morts, mourants et blessés.
La nuit suivante, à Villaudric désertée et meurtrie, un orage éclate vers 2 h. Le ciel voudrait-il effacer les traces de ce drame !
Bilan : 19 victimes (3 FFI de Villaudric, 1 de Fronton, 1 civil de Bouloc et 14 de Villaudric).
8 blessés.
Notes :
1°) libérée la veille.
2°) il était le fils du maire Lucien JAYLÉS, qui a perdu son autre fils Louis.
3°) le 21 août, 86 officiers allemands et plus de 4000 hommes se rendent à 300 maquisards. Cette reddition n’a pas été perturbée par un événement extérieur.
Sources : divers sites internet dont Maitron. Archives et site dédié de Villaudric.
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