HONNEUR A JEAN MOULIN et aux MOUVEMENTS DE RESISTANCES AU COLLEGE ANNE FRANCK LE 27 JANVIER 2023

Impulsée et introduite par la Déléguée de la Fondation de la France Libre 92,

la Conférence sur la Résistance Intérieure de Fabrice GRENARD, Directeur historique de la Fondation de la Résistance du 27 Janvier au collège Anne FRANCK fait suite à celle du 19 Mai dernier s’inscrivant dans la commémoration des 80 ans de BIR HAKEIM où combattants français métropolitains et tirailleurs sénégalais participèrent ensemble à « la Bataille de BIR HAKEIM en Mai-Juin 1942 ». Cette Conférence avait eu lieu quelques mois plus tôt dans le hall de l’Hôtel de Ville d’ANTONY nourrie d’une vidéo filmée et titrée « Ici était l’âme de la France », d’une exposition prêtée par l’ONAC 92, d’objets symbole concrets (médailles, casques, trousse médicale, sacoche de médecin…) prêtés par le Conseil des Jeunes citoyens d’Antony et Blandine BONGRAND SAINT-HILLIER, fille du Général SAINT-HILLIER, un officier français libre parmi les premiers soldats du Général DE GAULLE.,

C’est « Main dans la Main » qu’avec les professeurs d’Histoire et de Français, la Direction du Collège Anne Franck et sa conseillère du CDI que le message sur la connexion entre la Résistance et la France Libre contre le régime nazi fut passé auprès d’élèves attentifs d’une classe de 3ème, la 3ème engagement, située dans le quartier Pajeaud,  à la périphérie de notre ville d’ANTONY.

Nous étions au collège Anne FRANCK, une dénomination évocatrice de la barbarie nazie dont fut victime Anne FRANCK, morte à l’âge de 13 ans dans le camp de concentration de BERGEN-BELSEN en février-mars 1945, soit dans un collège confirmant l’ objectif  de former de futurs citoyens.

De là, le projet de cette classe de 3ème :  l’engagement. Le choix de ce thème de la part des enseignants n’est pas anodin. Il est transversal et irrigue de nombreuses matières (Histoire/Géographie, français, lettres etc…).

POINT DE VUE sur la Conférence,

Le 27 Janvier dernier, Fabrice GRENARD a déroulé pendant deux heures l’histoire de la Résistance Intérieure en France : son contexte, ses prémisses avec un zoom particulier sur l’engagement de Jean MOULIN, le Chef de la Résistance Intérieure mort sous la torture.

Il a mis d’emblée l’accent sur la complexité des grands moments de l’histoire dont aucun résistant engagé ne présumait la fin dans l’immédiateté des évènements et ce quelques que furent les forces notamment militaires en présence, étrange clin d’œil et allusion à l’actualité sensible du moment  animant l’Ukraine et ses volontaires  combattants, ce que ne manqua pas de verbaliser d’emblée sous forme de question ou d’affirmation  un des élèves de la classe : « ce sont les Russes qui vont gagner ? ».

L’intervenant, spécialiste des maquis, réseaux, auteur de plusieurs ouvrages dont le plus récent « Le choix de la Résistance – Histoires d’hommes et de femmes 1940-1944 »  identifia ensuite et mis l’accent sur quelques grands moments de la Résistance Française et le courage animant certains hommes et femmes, souvent tombés dans l’oubli, qui, sans connaître la fin de l’Histoire, ont fait le choix, bien que mus par des convictions diverses,  de s’engager dans la résistance intérieure traversés par un objectif partagé,  proche de celui de la Résistance actuelle en Ukraine : libérer le pays de l’occupant.

Après avoir fait revivre quelques grands mouvements de résistance engagés en France, tels que « Résistance », « France d’abord », « Combat », « le Père Duchesne » et volet militaire, « l’Armée Secrète » pilotée par son chef, le Général DELESTRAINT (Compagnon de la Libération), mort en déportation le 19 avril 1945 dans le camp de concentration de DACHAU, dans une atmosphère d’écoute silencieuse ponctuée de quelques questions d’élèves, Fabrice GRENARD réalisera un focus sur l’engagement émérite de Jean MOULIN, tant sur l’homme que sur le Résistant..

Jean MOULIN alias Joseph MERCIER alias REX et MAX :

 Soulignant qu’à l’âge de 27 ans, il fut le plus jeune sous-préfet de France et à 37 ans le plus jeune Préfet de Chartres. Fabrice GRENARD rappellera à son jeune auditoire les débuts de Jean MOULIN comme Chef de Cabinet de Pierre COT, Ministre sous le Front Populaire. Fils d’un professeur d’histoire, Jean MOULIN est tout à la fois sportif et artiste peintre sous le pseudonyme de ROMANIN. Il se voulait au service des autres.

Son premier acte de résistance :

Son premier acte de résistance a lieu en Juin 1940 : Il refuse à l’arrivée des Allemands à Chartres de signer un texte soumis par la Kommandantur car il le considère comme déshonorant du fait qu’il s’agit de confirmer par sa signature de Préfet que les tirailleurs Sénégalais de l’armée française avaient commis des atrocités envers des civils à Saint-Georges-sur Eure alors même qu’il s’agissait de victimes de bombardements allemands-.

Enfermé et torturé, Jean MOULIN se tranche la gorge et sera sauvé in extrémis par ses geôliers. Il portera désormais un foulard autour du cou notamment pour cacher cet indice susceptible de permettre de l’identifier.

En Novembre 40, il est révoqué de l’Administration Préfectorale et s’implique clandestinement dans la Résistance, choisissant de rester en France malgré les risques vitaux encourus alors qu’il aurait pu aisément partir à l’étranger tel que auprès de Pierre COT expatrié à NEW YORK. Malgré le manque de moyens matériels, armes, Jean MOULIN va essayer d’établir un lien entre la Résistance intérieure et la Résistance extérieure (provenant essentiellement de Bretagne) installée à LONDRES, illustrée par un militaire, Chef de la France Libre, le Général DE GAULLE.

Résistance intérieure et Résistance extérieure, une complémentarité interactive exemplaire et nécessaire pour la reconquête de la Liberté, soit concrètement,

Jean MOULIN et Charles DE GAULLE, une rencontre déterminante :

Revenant sur une deuxième séquence du parcours de Jean MOULIN, Fabrice GRENARD rappelle

la rencontre déterminante qui aura lieu entre Jean MOULIN alias REX et DE GAULLE le 25 Octobre 1941 à Londres, là où Jean MOULIN s’est rendu en passant par l’Espagne et le Portugal.

Toutefois, Jean MOULIN n’est en effet pas seul à entrer en Résistance.

 L’intervenant évoquera la diversité des parcours et des convictions de ces hommes souvent méconnus aujourd’hui, qui avaient animé leur engagement respectif, évocation toute en nuance, tel que l’engagement d’Henri FRENAY (Compagnon de la Libération), partenaire de Berty ALBRECHT, elle-même résistante, une des 6 femmes faites Compagnon de la Libération, décédée le 31 mai 1943 à la Prison de Fresnes après avoir subi la torture pour son engagement.

Jean MOULIN a reçu désormais du Chef de la France LIBRE pour feuille de route d’unifier la Résistance Intérieure.

Depuis la zone sud (la zone libre), il impulse la fusion des 3 réseaux principaux de résistance (MUR) que sont Libération, Franc-Tireur et Combat et parallèlement, impulse la relation avec l’Armée Secrète, soit les militaires en résistance pilotée par le Général DELESTRAINT, lui-même resté en France selon les ordres du Chef de la France Libre, le Général DE GAULLE.

Deuxième mission déterminante assignée à Jean MOULIN au Printemps 1943 : Unifier l’ensemble de la Résistance à partir de la création du CNR : le Conseil National de la Résistance.

Une 1ère réunion du C.N.R. (Conseil National de la Résistance) a lieu au 48, rue du Four à PARIS, dans le quartier Latin.

Le 27 Mai 1943, Jean MOULIN organise une réunion avec 16 Chefs de la Résistance recherchés par les Allemands.

On est passé des résistances à la Résistance, souligne Fabrice GRENARD, ajoutant par là-même un élément essentiel reflet de son investissement dans un environnement menaçant et souvent méconnu de nombre d’entre nous.

Cette journée du 27 Mai dédiée à la Résistance est désormais honorée.

La rencontre de CALUIRE, la fin tragique du Chef de la Résistance intérieure

La rencontre clandestine de CALUIRE, dans la banlieue de LYON a lieu dans la maison du docteur DUGOUJON, le 21 Juin 1943. Elle met un terme à la belle histoire d’engagement de Jean MOULIN suite à une dénonciation, conduisant à son arrestation par la Gestapo commandée par Klaus BARBIE.

Tous les participants à cette réunion sont arrêtés et incarcérés à la prison du Fort MONTLUC. Jean MOULIN, transféré de LYON à PARIS est interrogé par la Gestapo dans une villa de Neuilly. Il mourra le 8 Juillet 1943 sous la torture sans rien dire.

C’est lors de cette évocation qu’un élève de la classe interroge Fabrice GRENARD à propos de la durée de la torture subie par Jean MOULIN. Il clôt en quelque sorte la question prospective posée par un de ses camarades de classe en début de conférence, faisant un lien entre passé et présent sur une question brûlante d’actualité à propos de  qui serait le vainqueur de la guerre en Ukraine.

Parmi les 8 résistants arrêtés, Raymond AUBRAC, l’époux de Lucie AUBRAC, qui dans des conditions rocambolesques réussira à le faire évader de la prison de MONTLUC.

Lucie AUBRAC pourrait être un sujet éventuel d’étude pour les élèves, nous précisera la professeur d’histoire.

Quelques détails de réalité au fil des questions réponses complétèrent l’intervention, tels que

-les différentes formes de résistance repérées, y compris les résistances informelles telles que détourner le regard, la résistance par l’Art et la littérature, sujet par ailleurs proposé au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2015-2016.

– la diversité des origines des résistants de « l’ intérieur » comme de « l’extérieur » ne fut pas omise :

-La résistance des femmes, celle des enseignants, celle des policiers et gendarmes, ainsi que celle des combattants venus d’Afrique issue de l’ex-Empire colonial français, autant de diversités rappelées qui ont contribué à la Victoire.  Une carte sur le Périple de l’Epopée de la 1ère DIVISION FRANCAISE LIBRE ENTRE 1940 ET 1945, visualisant la Résistance extérieure, fut apposée sur le tableau de la classe de 3ème permettant ainsi à tous de visualiser cette belle aventure ponctuée de sacrifices et de sang versé sans distinction.

–  Les 14 jeunes nés à Antony engagés dès Juillet 40 dans la résistance intérieure et extérieure sera évoquée en conclusion par la Déléguée de la Fondation de la France Libre. Parmi eux, une jeune antonienne âgée de moins de 20 ans faisant partie du réseau SAMSON, homologué Forces Françaises Combattantes.

L’intérêt fut tel que les transmissions anecdotiques affluèrent de la part des adultes présents tels que  la Professeur de Français évoquant le bâtiment où se trouvait la Kommandantur à ANTONY, la Déléguée de la Fondation de la France Libre citant le refus le 13 Juin 1940 d’une partie de La Garde d’accueillir avec les honneurs à la caserne de Rosny l’armée allemande arrivant dans la capitale et les représailles qui s’ensuivirent plus tard.

En conclusion, Fabrice GRENARD nous rappellera qu’à la Libération, Résister fut aussi penser l’avenir d’où le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) qui évita qu’à la Libération, la France ne sombre pas dans la guerre civile comme d’autres pays tels que la GRECE.

Procès-verbal rédigé à partir de ses notes par Michèle CECCHINI-CHRETIEN, Déléguée adjointe,

                                                                               Fondation de la France Libre Hauts de Seine

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