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Discours du Général de Gaulle le 11 Novembre 1945

« Le 11 novembre 1945, la patrie commémore les glorieuses victimes des deux guerres. A Paris, les corps de quinze Français et Françaises, morts pour la France dans cette guerre, sont portés solennellement à l’Arc de Triomphe de l’Etoile, où ils environnent la tombe du Soldat Inconnu avant d’être inhumés au Mont Valérien. Au cours de la cérémonie, le Général de Gaulle     prononce les paroles suivantes :

« Morts pour la France, mais triomphants comme elle ; tombés sur tous les champs de bataille où, soit dans la lumière, soit dans l’ombre, s’est joué notre destin ; ramenés par tous les chemins de nos douleurs et de notre victoire ; voici ces morts revenus !

Symboliques de tant et de tant d’autres qui ont choisi la même gloire de la même humilité ; groupés autour de celui-là, dont Dieu seul sait le nom et qui, sous la flamme sacrée, représente la fleur de notre race abattue dans les premiers combats de cette guerre de trente ans : escortés par les ombres de tous ceux qui, depuis deux mille ans, donnèrent leur vie pour défendre le corps et l’âme de la Patrie ; voici donc ces morts assemblés !

Mais tandis que leur cortège fait monter les larmes à nos yeux et la fierté à nos cœurs, il faut que nous, fils et filles vivants de la France, nous entendions les leçons qu’ils viennent nous donner.

Il faut que nous comprenions combien demeure éternellement précaire le salut de notre pays, puisqu’il fallut, au long de son Histoire, tant de sacrifices pour surmonter tant de dangers ! Il faut que nous reconnaissions que le bien de la Patrie est toujours la loi suprême et que, dans la situation que lui font un monde dur et un temps difficile, tout, oui tout ! doit s’effacer devant le devoir de la servir.

Il faut que nous acceptions de nous unir fraternellement afin de guérir la France blessée. Fraternellement ! c’est-à-dire en taisant d’absurdes querelles pour marcher sur la même route, du même pas, en chantant la même chanson !

Tandis que ces morts font halte avant de gagner le haut lieu d’où, pour toujours, ils veilleront sur la capitale, tandis qu’en tous points de nos territoires, en deçà et au-delà des mers, les hommes et les femmes qui vivent sous notre drapeau se recueillent dans le souvenir de notre gloire et de nos deuils, levons vers l’avenir les regards et les cœurs d’un grand peuple rassemblé.

 

Vive la France ! »

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