Réseau MORHANGE suite
Ce réseau Toulousain de contre-espionnage créé par Marcel Taillandier comprenait aussi Achille VIADIEU son adjoint.
Celui-ci originaire de Castelnau-Durban en Ariège est né le 11 mars 1911.
Il est élevé par sa grand-mère à Toulouse où il fait ses études jusqu’à la Faculté de droit.
Diplômé, il retourne en Ariège à FOIX comme clerc de notaire. Il s’implique dans le Parti Radical Socialiste local allant même jusqu’à faire le service d’ordre et assiste à toutes les réunions.
En 1937 il obtient un emploi de comptable au service économat des Chemins de Fer du Midi (qui deviendront SNCF) à la gare Matabiau de Toulouse et avec sa famille, son épouse Aline ses 2 enfants Pierre (1934) et Eliane (1935) s’installe au 35 de la rue Valade.
En septembre 1939 il est mobilisé et affecté dans une unité d’aérostiers jusqu’au 20 juin 1940 où il sera libéré.
Achille VIADIEU dit «Ginou » devient en 1943 directeur du Rassemblement National Populaire (RNP) ariégeois.
Le 15 Octobre 1943 il est convoqué à Paris par Marcel DEAT, du RNP présidé par un nommé ALBERTINI qui le nomme chef régional. Les ordres sont : se renseigner sur les fonctionnaires, recruter des militants pour le RNP et côtoyer les polices allemandes et françaises. Ce mouvement est pourtant fortement collaborationniste et fasciste mais ceci était fait avec l’accord de Morhange afin d’infiltrer les allemands et de leur soutirer des informations capitales.
Rentré à Toulouse il fait arrêter BLANC et BOUNIOL du RNP. Ils sont amenés au château de Brax pour y être interrogés. Passant aux aveux pour leurs méfaits et crimes ils sont exécutés. Pour ne pas trop éveiller les soupçons Morhange fera courir une information (fake news maintenant) disant qu’ils se sont enfuis en Espagne avec la caisse du RNP.
Il fréquente les restaurants où il invite à sa table des officiers du SD, service de sécurité autrement dit la gestapo, en particulier STUBBE et son adjoint LEHMANN. Il y avait à Toulouse 200 allemands dans ce service SD et environ une cinquantaine de Français !!
Il travaille aussi avec André BOUSQUET (alias Cadum) qui est inspecteur aux renseignements généraux.
De ce fait il obtient des « Ausweis », de faux papiers et autres pour le réseau. Se déplaçant beaucoup en France et en Espagne. En Mai 1944 il se rend à Barcelone, avec Marcel TAILLANDIER (MORHANGE) au bureau des services spéciaux français sis « calle Montaner » dans une boite de nuit « la buena samba ». Des agents de la gestapo, non repérés, sont là et les prennent en photo.
Rentrant à Toulouse il apprend que sa femme a été interrogée par un officier SS mais libérée aussitôt sur l’intervention de l’Oberschar Fürher LEHMANN. Par sécurité la famille quitte la rue Valade pour le quartier de Terre Cabade, d’autant que son mari part en mission à Barcelone pour liquider un ex-résistant devenu agent de la gestapo.
Il fera passer en Espagne Monique Giraud la fille du Général qui est en poste à Alger, par un périple Toulouse, Carcassonne, Saillagouse (près de Font Romeu) puis l’enclave de Llivia. Ceci pour éviter que les allemands n’arrêtent Melle Giraud et n’exercent un chantage sur son père.
Le 2 Juin 1944, Achille VIADIEU (X 2 du réseau) se rend avec Jacques COMBATALADE (X 5), policier de son état, retrouver des camarades de combat dans un café de la place du fer à cheval, à Toulouse.
Puis un rendez-vous est pris sous l’horloge de la place du Capitole. X2 et X5 assurent la surveillance des environs à bord de leur traction, ce faisant ils remarquent des miliciens cachés sous les arcades de la place.
Afin de prévenir les membres du réseau ils font le tour de la place mais la gestapo a reconnu Achille VIADIEU et ouvre le feu sur la voiture qui bien sûr s’enfuit. Pourchassée dans les rues de TOULOUSE Jacques COMBATALADE qui conduit tente de semer ses poursuivants mais la voiture dérape, effectue plusieurs tonneaux.
Achille VIADIEU sort de la voiture apparemment indemne en criant « vive la France libre » mais une rafale de mitraillette l’arrête net et le tue.
Jacques COMBATALADE blessé est épargné car pouvant passer contre renseignements au service de la gestapo, ce qu’il fera mais pour s’évader plus facilement pense-t-il. Il est alors conduit à l’hôpital Purpan, puis soigné et malgré tout sera incarcéré à la prison Saint Michel. Quelques semaines après il sera libéré par une action du réseau.
NOTA :
X2 avait un frère Raymond VIADIEU né en 1911, alias « Vera » qui lui aussi était résistant mais d’un autre groupe de Toulouse. Membre du mouvement « Combat » il participa à de nombreux sabotages notamment la poudrière de Toulouse les 27 avril et 21 mai. Mais un bombardement dans la nuit du 1er a 2 mai fit de nombreuses, de trop nombreuses victimes civiles.
Raymond, le frère donc, mis la main sur un dossier de lettres de dénonciations se trouvant à la Poste Il prévint les personnes figurant sur des listes, notamment la famille juive FOLUS qui échappa ainsi à la déportation.
Il fournit lui aussi de nombreux papiers et cartes d’alimentation aux familles juives. Il libéra 17 juifs de la prison hospice de la Grave et aussi un colonel juif MADIER en bousculant le policier qui l’avait arrêté. Sa tête fut mise à prix à partir de ce moment.
Tout ce monde passa ensuite en Espagne.
Le 29 Avril 1985, Yad Vashem lui décerna le titre de « juste parmi la nation ».
Sources : pages internet, la dépêche du midi, revue spécialisée.
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