Marthe COHN HOFFNUNG
La chichinette casse-pieds1 est née le 13 Avril 1920 à METZ, après que l’Alsace et la Lorraine eurent réintégrées la France (germanisation de Mai 1871 à Francfort sur le Main mais devenu officiel le 18 Juillet 1871 à Versailles)
Son père Fishel HOFFNUNG est commerçant, sa mère Régine est au foyer, c’est une famille de sept enfants d’origine juive orthodoxe. Le grand-père est Rabbin.
Marthe découvre l’antisémitisme vers l’âge de 6 ans lorsque sortant de la synagogue de Metz elle est traitée de « sale juive » par des garçons, juive passe encore mais sale NON.
Travaille dans la fabrique de chapeaux de sa sœur Cécile.
Septembre 1939, de nombreux Mosellans quittent leur région pour celle de POITIERS (Vienne) suite à un ordre d’exécution d’évacuation des civils de la zone de la ligne Maginot.
Juin 1940, la France est occupée, la Moselle-Alsace est de nouveau annexée à l’Allemagne, la famille décide donc de rester dans la Vienne, rue Riffault à POITIERS.
Avec cette sœur Stéphanie elle aide au passage de fugitifs vers la zone libre avec la complicité d’un agriculteur Noël DEGOUT3de Dienné (près de Poitiers) dont les terrains étaient à cheval sur les 2 zones.
17 Juin 1942, Stéphanie, étudiante en médecine, est arrêtée par la gestapo et incarcérée au camp de la Route2 à Limoges, elle refuse de parler, de s’évader, sera déportée en 1942 à Auschwitz et fusillée.
Sur ce Marthe décide de rejoindre la zone libre avec sa famille, munis de faux papiers fournis par un employé de mairie, Albert Charpentier. Elle rejoint ses 2 frères à Arles puis part à Marseille.
En septembre 1943 elle part vivre à Paris avec sa sœur Cécile, comme le font 175 000 autres juifs.
Son fiancé, Jacques DELAUNAY étudiant en médecine, Poitevin et résistant l’ayant aidé à fuir la zone occupée est arrêté puis fusillé le 6 Octobre 1943.
En 1943 Marthe termine à Marseille ses études d’infirmière4, commencées à Poitiers en 1941. Elle veut rejoindre la résistance.
Septembre 1944, Paris libéré, Marthe COHEN s’engage dans l’Armée Française comme infirmière diplômée au service médical du 151 éme régiment d’infanterie.
Parlant couramment l’Allemand (langue utilisée entre ses parents, les enfants sont bilingues) le colonel Fabien, son supérieur, lui demande d’intégrer le service de renseignements de la 1 ére armée française. Au début elle interrogera les officiers nazis prisonniers.
Elle deviendra « Fraü Marthe ULRICH infirmière à la recherche de son fiancé Hans, parti au front.
Après 13 tentatives pour entrer en Allemagne elle change de méthode et passe par la Suisse, munie de fausses pièces d’identité ou autres (photos, lettres d’amour) fabriquées spécialement pour sa mission : infiltrer les réseaux nazis et recueillir des informations : comme l’abandon de la ligne Siegfried, à Fribourg en Brisgau, puis une possible embuscade de la Whermacht en Forêt Noire et quelques autres faits tout cela pendant les 3 semaines qu’elle passera en territoire ennemi.
Début 1946 elle part comme infirmière en Indochine, pays d’origine de son fiancé perdu, y installe un hôpital de campagne. Elle y dispensera des soins jusqu’à fin 1948.
Puis retour à Poitiers pour 5 ans, à la suite de quoi elle part s’installer à Genève. Elle y rencontre Lloyd COHN médecin neurologue de l’US Army, et devient son assistante en 1953 pendant ses travaux de recherche.
Partent aux USA en 1956, puis se marient en 1958, pour vivre au Sud de Los-Angelès en Californie dans la péninsule de Palos-Verdes. Ils ont 2 enfants. Marthe travaillera à l’hôpital NEWARK BEH ISRAËL dans le New Jersey.
Elle avait 2 frères dans l’armée. L’aîné sur la ligne Maginot (fait prisonnier par les allemands s’évade et la rejoint à Poitiers) et le cadet en Tunisie mais libéré en 1940, l’armée se séparant des juifs.
Distinctions : Croix de guerre en 1945.
Médaille militaire en 1999.
Chevalier de la Légion d’honneur en 2004.
Reconnaissance de la Nation en 2006.
Croix de l’ordre du mérite allemand.
En 2019 elle et son mari sont invités par le Président Allemand Frank-Walter STEINMEIER dans son château proche de Berlin.
A rendu visite à un neveu Daniel HOFFNUNG médecin à Poitiers.
Notes :
1°) surnom donné par les services secrets Français.
2°) camp créé en 1939 pour les réfugiés espagnols puis vidé en 1940 lors de l’invasion ennemie et transformé en camp pour Juifs, tsiganes…
3°) devenu « Juste parmi les Nations »
4°) aurait fréquenté une école religieuse d’infirmières, proche de la croix Rouge, dirigée par les sœurs de la sagesse et protégée par Mademoiselle MARGNAT au courant de ses origines..
D’autres écoles d’infirmière l’auraient refusée.
Livre : Derrière les lignes ennemies (2002)
Film : Chichinette une vie d’espionne (Octobre 2019)
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