Chasseur alpin en Kabylie, en 1964, après la guerre d’Algérie./Rue des Archives/RDA
Soldat en Algérie, il obtient sa carte d’ancien combattant… 57 ans après
Un décret de décembre 2018 permet aux militaires envoyés en Algérie entre 1962 et 1964 de bénéficier depuis janvier des avantages de la carte d’ancien combattant.
Francis Pierre, 76 ans, fait partie des appelés encore en vie qui ont connu les « événements » d’Algérie entre 1962 et 1964. LP/Arnaud Journois
Par Daniel Rosenweg
« C’est totalement par hasard que mon fils à découvert que j’avais droit à la carte d’ancien combattant depuis janvier dernier. Pourquoi n’a-t-on pas été informé, s’interroge Francis Pierré. Et en plus ça n’est pas rétroactif ; c’est vraiment scandaleux. Combien de gens vont finalement profiter de la mesure ? » tempête-t-il.
Habitant du Val-d’Oise, ce retraité de 76 ans fait partie des appelés encore en vie qui ont connu les « événements » d’Algérie, mais entre juillet 1962 et juillet 1964. Soit après les accords d’Evian et l’indépendance proclamée de l’Algérie. Accords qui prévoyaient une période transitoire de deux ans pour le retrait total des forces françaises du territoire algérien.
Si tous les conscrits qui ont vécu le conflit algérien jusqu’à l’indépendance ont automatiquement eu droit au statut d’ancien combattant et à ses avantages, ça n’est pas le cas de ceux qui ont mis le pied en Afrique du nord après l’indépendance et jusqu’en juillet 1964.
Ils sont 49 819 encore en vie, selon un complexe comptage réalisé par les services de la Défense. Or, jusque-là, toutes les demandes d’extension du bénéfice de la carte à ces militaires ont été rejetées. Motif avancé par les gouvernements successifs : « Ce n’était plus en temps de guerre », explique-t-on au cabinet de la secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Geneviève Darrieussecq.
Concrétisant la promesse de campagne du candidat Macron de remédier à cette injustice, elle a signé le 12 décembre dernier un décret permettant à ces appelés ayant contribué au maintien de la sécurité en Algérie pendant au moins 120 jours après l’indépendance d’obtenir enfin la carte d’« AC » et avec elle, la reconnaissance nationale.
« Ça n’est pas rien, admet Francis Pierré, cela va me permettre notamment de toucher une retraite supplémentaire de 750 euros par an et de bénéficier d’une demi-part fiscale supplémentaire. Ça compensera la suppression de la demi-part de veuf que je suis… » ironise l’ancien militaire qui s’est retrouvé en Algérie de juillet 1963 au 30 juin 1964.
Francis est loin, très loin, d’être le plus tardif à faire valoir ses droits. Selon le secrétariat d’Etat, à fin juillet, 27 000 demandes avaient d’ores et déjà été instruites par la commission nationale et 19 000 retraites d’ancien combattant ont été liquidées. Geneviève Darrieussecq s’attend à ce qu’à la fin de l’année 30 000 des bénéficiaires potentiels aient déposé une demande de carte. Il en restera donc 20 000 à informer de leurs droits.
Cette mesure n’est pas totalement neutre puisqu’une enveloppe annuelle de 30 millions d’euros a été budgétée, principalement pour financer la retraite supplémentaire.
Réclamée depuis plus de trente ans par les associations d’anciens combattants, cette extension du droit à réparation a été unanimement saluée.
Des avantages non négligeables
La France compte aujourd’hui 950 000 anciens combattants dont 800 000 ont connu les conflits d’Afrique du nord . Les titulaires de la carte d’anciens combattants ont droit à plusieurs avantages non négligeables. Certains sont symboliques comme le fait que la famille soit officiellement autorisée, lors de ses obsèques, à couvrir le cercueil d’un drap tricolore. De même, ces anciens soldats se voient décerner la croix du combattant.
Mais d’autres avantages se mesurent en espèces sonnantes et trébuchantes. Ainsi, les titulaires de la carte d’ancien combattant ont le droit à la « retraite du combattant » qui s’élève à 751,40 euros par an et qui se cumule avec une pension de retraite professionnelle. Un détail : elle n’est pas cessible aux héritiers dans la succession du défunt.
Autre avantage, les anciens combattants bénéficient d’une demi-part d’impôt sur le revenu à partir de 74 ans. Ils ont aussi accès aux services et aides sociales de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Enfin, ils ont droit à la constitution par capitalisation d’une retraite mutualiste majorée par l’État de 12 à 60 % selon les cas.
Un commentaire plein de bon sens
Bonjour Orphelins de Guerre, Pupilles de la Nations,
En postant cette information parue dans le journal “Le Parisien”, je me suis dit , cet Ancien Combattant a attendu 51 ans, et nous cela fait 19 ans…, si nous devons attendre aussi longtemps que lui, nous serons tous morts…!!! Quelle aberration!
Dans l’article , le chiffre 49819 est très précis , concernant le nombre à indemniser…comment ont-ils fait ? Et à nous les Orphelins et Pupilles, on refuse le recensement, c’est vraiment de la mauvaise volonté !