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Décès de Daniel Cordier : cinq choses à savoir sur l’ancien résistant

Daniel Cordier, l’un des premiers Français à avoir rallié les Forces françaises libres en juin 1940, s’est éteint vendredi à Cannes (Alpes-Maritimes) à l’âge de 100 ans. Outre son passé de résistant, il était un marchand d’art reconnu et l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale.

franceinfo avec AFP France Télévisions

Publié le 20/11/2020 20:54 Mis à jour le 21/11/2020 08:26

Daniel Cordier, membre des Forces françaises libres, prend la pose en 1945 à Paris.  (MUSEE DE L’ORDRE DE LA LIBERATION / AFP)

Un hommage national va lui être rendu, a annoncé Emmanuel Macron. Le président de la République entend ainsi saluer ce résistant qui a fait partie de ceux qui ont pris « tous les risques pour que la France reste la France » durant la Seconde Guerre mondiale, a-t-il expliqué sur Twitter. Décédé vendredi 20 novembre à l’âge de 100 ans, Daniel Cordier, l’avant-dernier Compagnon de la Libération, a connu une existence hors du commun. Voici cinq choses à savoir sur l’ancien secrétaire de Jean Moulin.

De Maurras à la Résistance

Né le 10 août 1920 à Bordeaux, Daniel Cordier a d’abord été un jeune militant monarchiste et maurrassien, période sur laquelle il restera longtemps silencieux par la suite.

Il est sur le point d’être incorporé dans l’armée lorsque le maréchal Pétain annonce l’armistice. « Je pensais naïvement, mes parents pensaient comme moi, que Pétain allait lancer la contre-offensive victorieuse de la France et au lieu de cela, il annonçait la fin des combats, c’est-à-dire la fin de l’espérance. J’ai fondu en larmes, je suis monté dans ma chambre et j’ai beaucoup pleuré », expliquait Daniel Cordier sur France Culture, en 2010. Révolté par ce discours, il décide de rallier sur-le-champ les Forces françaises libres (FFL). Il embarque le 21 juin 1940 à Bayonne, direction Londres.

A l’été 1941, il est nommé au service « Action » du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), les services secrets des FFL, et suit pendant un an un entraînement spécial sur le sabotage, la radio, les atterrissages et parachutages.

Il a été le secrétaire de Jean Moulin pendant la Seconde Guerre mondiale

Parachuté en France, fin juillet 1942, près de Montluçon (Allier), Daniel Cordier est alors le secrétaire de Georges Bidault, responsable de l’agence de presse clandestine de la Résistance. Quelques jours après son parachutage, il rencontre à Lyon « Rex », alias Jean Moulin, représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français. « Nous avons diné et il m’a fait raconter ma vie (…) enfin surtout ma vie politique, parce qu’au fond, c’était l’essentiel de mon existence », racontait-il sur le plateau de l’émission Apostrophes, en 1989. Jean Moulin l’engage pour organiser son secrétariat à Lyon.

Daniel Cordier est alors le témoin privilégié des immenses difficultés rencontrées par « Rex » pour unifier la Résistance. Il restera son bras droit jusqu’à l’arrestation de Jean Moulin en juin 1943. Il ne connaîtra son véritable nom qu’en octobre 1944. Après l’arrestation de « Rex », il poursuit sa mission en zone nord auprès de Claude Bouchinet-Serreulles, successeur par intérim de Jean Moulin, avant de rejoindre Londres en mai 1944 et de continuer de travailler pour le BCRA.

Il est devenu marchand d’art après la guerre 

Initié à la peinture par Jean Moulin, dessinateur confirmé, il commence une carrière d’artiste et de collectionneur (notamment Braque, Soutine, Rouault, et Nicolas de Staël). De 1956 à 1964, il tient une galerie à Paris qui lance de nombreux artistes. Il fera don de centaines d’œuvres au Musée Georges-Pompidou. « J’avais fait fortune dans les tableaux. C’est vrai que je ne tenais pas à perdre cet argent que j’avais de façon relative justement gagné (…) ça m’a permis quand même de travailler pendant 30 ans en écrivant les volumes sur Jean Moulin », racontait-il au micro de France Culture.

Finaliste du prix Goncourt

Le livre de mémoires de Daniel Cordier, Alias Caracalla, sorti au printemps 2009, avait été retenu pour figurer parmi les finalistes sélectionnés par le jury décernant la prestigieuse récompense. C’est finalement Marie NDiaye pour Trois femmes puissantes qui l’a emporté. « Je regrette que, suivant l’idée de Régis Debray, nous ne lui ayons pas décerné le prix Goncourt », a écrit vendredi sur Twitter le président du jury de l’époque, le journaliste littéraire Bernard Pivot.

Il a été un militant de la cause homosexuelle

L’un des héros de la Résistance a dû cacher son orientation sexuelle, comme l’explique le magazine Têtu. A l’époque, « la haine à l’égard de l’homosexualité était terrible », décrivait-il des années plus tard, citation rapportée par le mensuel. Il a consacré un livre, Les Feux de Saint-Elme, à un amour adolescent avec un autre garçon. Il a aussi défendu le mariage homosexuel. « Cela va avec l’idée de liberté. Je me suis battu pour la liberté. Et la liberté, c’est aussi celle de faire ce qu’on veut avec son corps et avec son sexe. C’est très important« , notait-il en 2018, dans un entretien au Monde (article réservé aux abonnés).

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