Henriette HANOTTE alias Monique, une comète ?

Naissance le 10 aout 1920 dans la commune de Sépeaux-Béon (Yonne). Elle passe cependant son adolescence à Rumes (Belgique) petit village rural près de la frontière française.

Ses parents, Clovis le père et Georgette la mère (française née Lauret) possèdent un hôtel, une agence en douane et une ferme où elle et son jeune frère Georges s’occupent des animaux.

 

 

la famille : en bas les parents, à droite Georges son frère, à gauche Monique, entre les deux la grand-mère (1942)

  la maison familiale

Les douaniers, étant donné ses fréquents passages, la connaîtront bien, elle fera partie de leur quotidien.

23 mai 1940 : la Belgique est occupée depuis peu, 10 mai. Elle aide son père à récupérer 2 officiers britanniques, égarés pendant la retraite de leur unité lors de la bataille de Dunkerque (20 mai) et du réembarquement (85% des troupes).

Les 2 hommes troquent leurs habits militaires contre des vêtements civils et passent sans encombre, la frontière avec leurs 2 sauveteurs. Peu après un autre officier anglais, Charles Carlson bénéficiera des mêmes services.

 

dessin de Jacques Van Butsele,                                   Monique avec Charles CARLSON

 dessin de Jacques Van Butsele, remis à Monique le 9 mars 2015

Cela aura pour conséquence le recrutement d’Henriette, 19 ans, par le MI 91 pour œuvrer dans le réseau belge « Comète ». Son nom de code : « Monique ».

Avec sa famille ce seront environ 130 à 140 aviateurs alliés qui rejoindront l’Angleterre en passant la frontière Belgo/Française puis plus tard Franco/Espagnole pour rejoindre Gibraltar (domaine britannique).

Ce périple, dangereux pour elle et sa famille, se fait par 3 itinéraires différents selon les circonstances (patrouilles ennemies) : Rumes/Bachy, Mons/Hertain (contact Dr Druard) et Erquennes (contacts : Georgette Dieu et François Bourlard). En cas de maladie ou indisponibilité de « Monique » c’est Odile de Vasselot qui la remplace (article précédent), ou Amanda Stassart. En attendant le jour du passage les aviateurs sont logés soit à l’agence en douane (face à la gare), ou au café-hôtel de ses parents et en dernier ressort dans sa maison 122 rue du sentier à Rume. Et on en profite pour initier ces braves hommes à quelques ficelles techniques de comportement. Un nom français leur est donné, avec de faux papiers établis par 2 cousines, ou amies de Monique : Nelly et Raymonde Hoël habitant dans une ferme proche à Bachy. En cas de contrôle dans le train, ils doivent imiter « Monique » à la présentation des papiers. Pour plus d’authenticité, une boite d’allumettes française, (idem pour des coupures de journaux) leur est fournie, ainsi qu’une carte de travail. Des contacts ont été pris auprès des douaniers Albéric Houdart et Maurice Bricout, qui les renseigne sur les trains et rondes ennemies ou douanières.

 

Au retour de mission elle est porteuse de courriers pour l’antenne bruxelloise de « Comète », son contact est le restaurant « l’Escargot d’Or », rue de la Fourche.

Lors de son dernier rendez-vous dans la capitale elle découvre la dénonciation de leur réseau par un « collabo » belge. Recherchée par la gestapo, le MI 9, l’incite à s’enfuir et à gagner l’Angleterre. Ce qu’elle fera le 11 mai 1944, en compagnie de Aline (dite Micheline, Michou) Dumon (1921-2017), autre résistante belge, utilisant le même circuit que ses aviateurs : Pyrénées, Espagne, Gibraltar et enfin l’Angleterre.

Elle est nommée sous-lieutenant ATS2, et soumise à un entraînement de parachutisme, pour éventuellement être larguée lors de la contre-offensive des Ardennes, on lui ajoute quelques cours d’apprentissage d’agent secret, pendant cette phase elle se fracture le péroné le 25 août 1944, ce qui compromet son éventuel parachutage en France ou Belgique.

Après la guerre, elle célèbre le jour de la victoire 8 mai 1945 à Londres, puis retourne chez elle en Belgique remplir sa dernière mission : épouser l’homme qu’elle a connu, un garde-frontière lors de ses nombreux passages : Jules Tomé. Ils auront 2 enfants.

Elle décède le 19 février 2022, à 101 ans, à Nivelles (Belgique) toujours sous le nom de Monique.

  photo tirée du film « le dernier passage »

 

Distinctions : Adjudant ARA, Agent de Renseignement Action Belge (12 octobre 1950).

Medal of Freedom (USA).

Statue à Bachy (12 mai 2018).        du sculpteur Eric Dupuy

Citoyenne d’honneur de Bachy (2015) et de Nivelles (août 2020).

Un circuit de randonnée en 2015 (parcours utilisés par Monique) avec un document : « Dans les pas de Monique ».

Un film documentaire : « le dernier passage » (El Ultimo Paso) de 2011, de Iure Tellera et Enara Goeikoetxea.

Notes :

    1°) MI9 : Military Intelligence section 9, service secret pour l’organisation évasion et retour alliés tombés en territoire occupé.

2°) Auxiliary Territorial Service, branche féminine de la British Army.

 

 Monique et ses décorations

 

 

Sources : divers sites internet

 

 

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