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Cet article très intéressant a été publié sur Orange Actualités

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Nous avons rencontré Madame Emmanuelle Double à plusieurs reprises avec Anne Chalons et Malou Lorenzon, à ces occasions, nous avons pu constater son professionnalisme et son dévouement à la cause des Pupilles de la Nation et des Orphelins de Guerre.

Henri Paturel
Webmaster, Président de la Fédération FNAPOG de Normandie

Orange avec Media Services, publié le dimanche 27 décembre 2020 à 07h00

Leurs parents ont été tués, blessés ou traumatisés. De Charlie Hebdo à l’assassinat de Samuel Paty, le terrorisme a aussi frappé, indirectement, des enfants.

Depuis 2015, plus de 500 sont devenus des « pupilles de la Nation » et l’État leur assure un soutien « à vie ».

Émilie et son mari Nicolas étaient au Bataclan le 13 novembre 2015. « On s’est d’abord dit : ‘On a survécu, on n’a pas été gravement blessés, on ne va pas demander ce statut pour nos enfants' », se souvient cette quadragénaire qui vit en Normandie. Mais les mois ont passé, et le choc post-traumatique a déployé ses effets dévastateurs : cinq ans après, Emilie, qui était secrétaire, ne peut plus travailler et a été reconnue adulte handicapée. Son mari, fonctionnaire, « a été rétrogradé à cause des arrêts maladie ».

Un statut créé pendant la Première guerre mondiale 

Après un premier refus, elle a finalement obtenu en 2019 le statut de pupille de la Nation pour sa fille, âgée de 14 ans, et son fils de huit ans, « qui subissent les états d’âme de leurs parents depuis cinq ans ». « On met tout de côté pour plus tard : ma fille veut devenir psychologue, et je ne serai pas apte à lui payer de longues études », explique Émilie.

Le statut de pupille de la Nation a été créé en 1917, pour protéger et assurer un avenir au million d’enfants de soldats et de victimes civiles de la Première guerre mondiale. En 1990, il a été ouvert aux moins de 21 ans dont un ou plusieurs parents ont été victimes d’un acte terroriste.

3.400 euros par an 

Coup de pouce pour les études ou l’entrée dans la vie active, aides pour la vie quotidienne et les frais médicaux, étrennes… L’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre (ONACVG) leur apporte un soutien financier (3.400 euros par an en moyenne), mais aussi psychologique. C’est Françoise Rudetzki, blessée dans l’attentat du Grand Véfour en 1983 et fondatrice de l’association SOS attentats, qui a obtenu après « quatre ans de combat » une loi actant que ces enfants puissent bénéficier des dispositifs sociaux prévus pour les « victimes civiles de guerre ». « On savait que la France allait entrer dans l’ère des attentats de masse, mais la classe politique française était dans le déni le plus total », se souvient-elle.

Depuis 2015, point de départ de la série d’attentats qui a fait plus de 250 morts, les descendants des victimes d’actes terroristes sont devenus les premiers bénéficiaires de ce statut protecteur, octroyé par un juge qui prononce une « adoption par la Nation » inscrite en marge de l’acte de naissance.

De plus en plus de refus 

« Des demandes interviennent plusieurs années après les attentats, mais les refus des juges augmentent avec le temps, notamment dans les cas où les parents ont subi des blessures psychiques. Pourtant, certains décompensent et se retrouvent en grande difficulté des années plus tard; chaque nouvel attentat, mais aussi les procès comme celui des attentats de janvier 2015 les replongent dans la souffrance », constate Emmanuelle Double, cheffe du département solidarité de l’ONACVG.

Après les vagues de 14-18 (986.000 pupilles), 39-45 (280.000), puis les guerres d’Indochine (30.000) et d’Algérie (18.000), les adoptions par la Nation ne concernaient à la fin des années 2000 qu’une poignée d’enfants de soldats ou de policiers morts en service. Mais, après les attentats de 2015 (Paris et Saint-Denis) et de 2016 (Nice), le nombre d’adoptions par la Nation a bondi à 191 pour la seule année 2016. Depuis, elles sont restées à des niveaux comparables, et des dossiers sont toujours en cours d’instruction.

Le fils de Samuel Paty 

Un juge de Pontoise (Val-d’Oise) a ainsi examiné mi-décembre la demande d’adoption par la Nation du fils de Samuel Paty, âgé de 5 ans. Le professeur d’histoire-géographie a été assassiné le 16 octobre par un Russe tchétchène de 18 ans qui lui reprochait d’avoir montré en classe des caricatures du prophète Mahomet.

Fin 2020, l’ONACVG accompagne environ 900 enfants et jeunes de moins de 21 ans, et 2.000 devenus adultes. « C’est un statut à vie », rappelle Emmanuelle Double, qui craint d’avoir à « aider dans les prochains mois des pupilles de la Nation qui ont perdu leur emploi à cause du Covid ».

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